jeudi 7 juillet 2011

Un octogénaire sous la coupe des dealeurs

Derrière la grille de métal rouillé, hier, deux molosses montent toujours la garde. La police doit les faire enlever bientôt. Le jardin est une décharge : des détritus partout et, ici, une vieille télé, écran contre terre. Le pavillon, avec ses fenêtres ouvertes, semble à l’abandon. Pendant plus d’un an, cette maison a été squattée par des trafiquants de drogue pendant que son propriétaire, un retraité de 80 ans, était gardé ailleurs par un couple de complices. La sûreté départementale de l’Essonne a mis un coup d’arrêt à ce manège avec l’aide du groupement d’intervention régional de l’Essonne (GIR 91). Cinq hommes ont été écroués la semaine dernière. Une femme, la moitié du couple qui s’occupait de l’octogénaire, a été placée sous contrôle judiciaire.

Retour en août 2010. L’ex-artisan miroitier qui vit seul semble avoir disparu. Chez lui, des inconnus multiplient les allers et venues. « Le week-end surtout, il y avait de grosses voitures devant », note un habitant. Alerté par le voisinage, le commissariat d’Arpajon effectue une visite impromptue. Sur place, pas de retraité, mais des chiens de garde et trois hommes. Ils assurent s’occuper de la maison en l’absence du propriétaire. Justement, le retraité reprend très vite contact avec les forces de l’ordre. En substance, il leur dit que tout va bien et… de le laisser tranquille.

La bande veut toujours plus


« Il subissait une pression psychologique importante », décrypte un enquêteur. En fait, l’octogénaire serait tombé sous la coupe de trafiquants. « Ils l’ont convaincu d’aller vivre ailleurs pour son bien », continue l’enquêteur. Le vieil homme se retrouve hébergé par un couple, d’abord à Nanterre (92), puis dans le sud de l’Essonne. Pendant ce temps, les dealeurs installent des plants de cannabis à La Norville et y entreposent de la cocaïne. Peu à peu, les importuns saccagent les lieux, n’hésitant pas à emporter des meubles.

Plutôt aisé, le retraité est aussi prié de sortir le chéquier. Il paie les vacances de ses hôtes, leurs chaussures, leurs sorties… Mais la bande veut toujours plus. On exige du retraité une donation devant notaire pour un appartement qu’il possède, ou encore de réviser son testament au profit de ses « bienfaiteurs ». Des manœuvres qui n’aboutiront pas. Fin juin, l’octogénaire se livre enfin aux enquêteurs. Il raconte les pressions, les coups aussi. En tout, les enquêteurs parlent de 500000 € de préjudices : 300000 €pour le pavillon ravagé et 200000 € de liquidité envolée. En attendant la suite de l’enquête, le retraité n’a toujours pas retrouvé sa maison : il a été relogé pour sa sécurité loin de La Norville.
http://www.leparisien.fr/essonne-91/la-norville-un-octogenaire-sous-la-coupe-des-dealeurs-07-07-2011-1523309.php

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