dimanche 23 octobre 2011

Affaire Carlton : trois avocats en colère après la décision de laisser le commissaire Lagarde en liberté

Trois hommes en noir qui entrent en mêlée et cognent de toutes leurs forces, ce n'est pas la première ligne néo-zélandaise, mais des avocats concernés par la procédure instruite actuellement au TGI de Lille liée à lhôtel Carlton. Ce n'est pas la perspective d'un titre mondial qui les anime, mais un courroux terrible contre le sentiment qu'il existe ici une justice à deux vitesses.

« Entendons-nous bien, commence Éric Dupond-Moretti : je ne demande pas la mise en détention de M. Lagarde. Je me réjouis toujours qu'un homme échappe à la prison, d'ailleurs je ne souhaite cela à personne. » C'était tout de suite après l'annonce de la décision du juge des libertés et de la détention (JLD), vendredi soir, qui avait laissé en liberté Jean-Christophe Lagarde, chef de la sûreté départementale, mis en examen quelques minutes plus tôt.
Corporatisme exacerbé »
Suspendu et contraint de quitter la région, le numéro trois de la police du Nord est suspecté d'avoir fait louer des chambres au Carlton pour quelques-uns de ses amis, d'avoir organisé et participé à des escapades libertines à Paris ainsi qu'à Washington et profité des largesses de deux sociétés - représentées par David Roquet et Fabrice Paszkowski - qui auraient pris en charge les frais de déplacement, de logement et tout le reste.
Des faits qu'il a niés devant les policiers et les juges puisque ses avocats, vendredi soir, voyaient en cette décision de le laisser en liberté « un premier pas dans une direction qui tend à l'innocenter ».
Certes. Mais les défenseurs de René Kojfer, suspecté d'avoir organisé des rendez-vous au Carlton, de Francis Henrion, qui en aurait peut-être eu connaissance, et de David Roquet, qui reconnaît avoir payé en partie les déplacements à Paris et à Washington, crient à l'incohérence. Pourquoi leurs clients sont-ils en prison, « alors qu'on peut tout de même considérer qu'un policier n'est pas moins bien loti pour connaître la loi ? », peste Éric Dupond-Moretti.
Pour lui, comme pour ses deux confrères, « il y a deux poids, deux mesures : quand on est policier, on reste libre, quand on ne l'est pas, on va en tôle ! » L'accusation n'est pas tendre, à l'encontre du JLD, mais elle est entièrement partagée par Frank Berton : « Francis Henrion n'a pas été invité à Paris, ni à Washington. Il semble qu'on suspecte des rapports tarifés deux à trois fois par mois dans ses hôtels, ça ne fait tout de même pas du Carlton un lupanar ! »
Et puis, il y a également la différence de traitement avant l'interpellation : « Mon client n'a pas eu le loisir de donner un communiqué avant son arrestation pour clamer son innocence. Et s'agissant du risque de déperdition de preuve, on sait que M. Lagarde a été interpellé quinze jours après les autres, mais de qui se moque-t-on ? » Car c'est bien cela que dit l'ordonnance des juges : la détention doit permettre de conserver les preuves, empêcher toute pression sur les témoins ou des concertations frauduleuses entre mis en examen... Me Christophe Snyckerte s'en étrangle : « Pendant deux semaines, le second volet de cette affaire est resté soigneusement fermé. Pourquoi ? Quels intérêts a-t-on voulu préserver ? » Et comme ses deux confrères, il conclut en parlant de « corporatisme exacerbé ». Demain matin, ils déposeront tous les trois de nouvelles demandes de mise en liberté

http://www.lavoixdunord.fr/Region/actualite/Secteur_Region/2011/10/23/article_la-colere-de-trois-avocats-apres-la-deci.shtml

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