Deux garçons ont commis un vol de voiture très violent ce week-end. Ces primo-délinquants ont été condamnés à de la prison ferme.
DANS la même nuit, ils auraient pu tuer… et se tuer. Tuer un jeune conducteur de 18 ans lorsqu'ils lui ont volé sa voiture en le rouant de coup de manche de pioche. Se tuer lorsqu'ils ont perdu le contrôle du véhicule dérobé puis démoli le mur d'un garage après un tonneau.
Pour ce vol violent, un car-jarcking dans le jargon, Jordan Vaillant et Thibault Hiernard ont été jugés et condamnés, hier, par les magistrats du tribunal de Soissons. Une sanction qui tombe le lendemain de leur interpellation, et moins de quarante-huit heures après l'agression. Thibault Hiernard a été condamné à dix mois d'emprisonnement dont cinq mois ferme. Jordan Vaillant, qui a commis les faits de violence, a écopé de dix-huit mois de prison, dont neuf mois ferme avec incarcération immédiate. Il a, en outre, l'obligation d'indemniser les victimes et l'interdiction de passer le permis durant un an.
« C'est la première fois que vous commettiez un vol ? », demande le président aux deux jeunes prévenus, qui n'ont la majorité que depuis quelques mois. « Oui », murmurent de concert les garçons originaires du Sud de l'Aisne au casier judiciaire vierge. « Eh bien, vous avez fait très fort », déplore le magistrat.
Dans la nuit de samedi à dimanche, Jordan Vaillant, grand maigre au crâne rasé, et Thibault Hiernard, dont les yeux bleus se perdaient dans la mosaïque du sol de la salle d'audience, ont versé dans l'ultra-violence.
« Ces faits relèvent de la sauvagerie, nous avons devant nous deux barbares », toise le vice-procureur Eric De Valroger.
Dans la soirée, les deux garçons se retrouvent au domicile de Thibault, à Villiers-Saint-Denis. Ils désirent se rendre à une fête immanquable, et doivent pour cela rejoindre d'autres amis pour le départ dans un hameau d'Essômes-sur-Marne. Mais aucun des deux jeunes Villiérois n'a le permis, ni même d'expérience significative en matière de conduite.
Leur vient alors l'idée de dérober un véhicule. Manquant de compétence en matière de démarrage de voiture volé, ils vont plutôt retenir l'option d'en arrêter une. « Lorsque vous avez vu que votre ami s'allongeait sur la route, vous avez trouvé ça normal ?», interroge le président. Réponse de Jordan : « C'était le scénario… »
Le scénario en question était le suivant : Thibault s'allonge sur la chaussée, une voiture s'arrête, on menace le conducteur avec un manche de pioche et on repart. Samedi soir, les choses ont été beaucoup plus loin. Beaucoup trop loin.
Vers 22 h 30, trois passagers, un conducteur et deux jeunes filles, d'une Renault Clio circulent rue du 8-Mai-1945 à Villiers-Saint-Denis. Thibault est allongé sur la route, simulant un malaise. Le véhicule le contourne et s'arrête un peu plus loin. Thibault se relève et part chercher son complice.
Les deux reviennent encagoulés : Thibault arrive côté passager et Jordan de l'autre. Armé du manche de pioche, ce dernier intime l'ordre au conducteur de sortir.
Le solide morceau de bois frappe le véhicule en différents endroits. La vitre avant-gauche vole en éclats, et le jeune majeur au volant reçoit plusieurs coups du « bâton » à la tête, à l'épaule et au bras. « A l'heure où je vous parle, la victime est encore à l'hôpital. Et il pourrait perdre l'usage de son œil gauche ! », s'insurge l'avocat de la partie civile maître Dejas.
Les deux jeunes passagères sont sorties du véhicule manu militari. Thibault s'installe aux commandes de la Clio et démarre en trombe.
Au niveau de la route des fermes (entre Villiers-Saint-Denis et Essômes-sur-Marne), les deux voleurs s'arrêtent. Jordan veut conduire pour « voir ce que ça fait ».
Quelques kilomètres plus loin, le chauffeur inexpérimenté « plante » la voiture dans le mur d'un garage à Courchamps. « S'ils s'en sont sortis sans une égratignure, c'est un miracle », commente l'avocat de la défense maître Tétard. Le conseil des prévenus insiste ensuite sur « les éléments de personnalité positifs » des jeunes garçons qui « ne sont pas dans un cercle de délinquance ». Effectivement, Thibault est en bac professionnel dans le secteur du bâtiment, Jordan prépare un CAP dans le domaine viticole.
Les deux prévenus ont été interpellés le lendemain de leurs « dérapages ». Thibault s'est présenté de lui-même à la gendarmerie et Jordan a été arrêté à son domicile. Après avoir raté de peu le chemin du cimetière, ils prennent le chemin de la maison d'arrêt.
http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/car-jacking-de-ce-week-end-les-jeunes-majeurs-violents-lourdement-sanctionnes
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