« Si l'on s'engage dans cette procédure, c'est que l'on sait où l'on va. On a des preuves de ce que l'on avance. »
Quatre policiers du commissariat de police de Tarbes viennent de déposer plainte - le 17 novembre auprès du procureur de la République - pour « harcèlement moral » contre Brigitte Pommereau, directrice départementale de la sécurité publique (DDSP), et son adjoint le commandant François Frémaux. C'est extrêmement rare, dans la police, que des policiers, qui plus est de la base, attaquent au pénal leur hiérarchie. Ce n'est pas le genre de la maison où, en général, on règle les différends en interne. « On aurait préféré que les choses se règlent autrement », indiquent les policiers, mais, selon eux, devant le refus de dialoguer de la hiérarchie, ils n'avaient pas d'autres choix que la voie judiciaire.
Décisions du parquet contestées
Les quatre policiers - tous officiers de police judiciaire - qui se rebiffent appartiennent au Groupe d'appui judiciaire (le GAJ), une nouvelle unité créée le 1er avril dernier et qui traite le « petit judiciaire » : petits vols, violences légères, etc. Ils sont six dans le groupe. Ils dénoncent la politique du chiffre de la hiérarchie et la pression qu'elle exerce sur les fonctionnaires pour y parvenir et ainsi gonfler le « fameux taux d'élucidation ».L'un d'eux raconte : « Quand nous traitons une affaire, nous informons le parquet qui décide ou non de poursuivre. Quand le parquet classe sans suite, le commandant Frémaux nous demande parfois d'effectuer des actes complémentaires. Il conteste la décision du parquet ». Pris entre le marteau et l'enclume, les policiers ne savent plus quoi faire.
Autre cas de figure. « On nous pousse à faire des comptes rendus d'enquête (CRE). En principe, on ne fait un CRE que lorsque l'auteur des faits est identifié. Le problème, si l'on écoute notre hiérarchie, c'est qu'une personne va se retrouver fichée dans le système de traitement des infractions constatées (STIC) alors qu'il n'est pas prouvé qu'elle a fait quoi que ce soit. Tout cela parce que les CRE boostent le taux d'élucidation ».
Demandes de modifications de procédures
Les policiers portent ensuite des accusations plus graves contre leur hiérarchie. « Pour qu'une affaire tienne devant le parquet, on nous demande - ce que nous avons toujours refusé de faire - de modifier des procédures, de reprendre des P.V. d'interpellation par exemple, ce qui équivaudrait à faire des faux ». Les membres du Groupe d'appui judiciaire expliquent que ces « ordres » ne se font, bien sûr, « jamais par écrit ».Joints par nos soins, Brigitte Pommereau et François Frémaux, tenus par le devoir de réserve, n'ont pas souhaité s'exprimer sur ce dossier délicat.
La plainte est sur le bureau de Chantal Firmigier-Michel, procureur de la République, qui devrait probablement saisir sans tarder l'Inspection générale de la police nationale (IGPN).
http://www.ladepeche.fr/article/2011/11/29/1227334-tarbes-plainte-de-4-policiers-pour-harcelement.html
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