samedi 19 novembre 2011

Policier grièvement blessé: il n'y aura pas un second procès

LAON (Aisne). Assises. La condamnation par la cour d'assises à une peine de dix ans de prison pour violence avec arme (une voiture) au préjudice d'un policier de Laon, est définitive. La peine est pleinement acceptée par Bruno Notta.
LES hommes restent des énigmes. Accusé d'avoir écrasé avec sa voiture un policier à Laon de nuit le 26 novembre 2009, Bruno Notta, un ancien chauffeur de poids lourd, âgé de 54 ans, a été condamné mercredi soir par la cour d'assises à une peine de dix ans d'emprisonnement. Une année de plus que les réquisitions de l'avocat général.
Il disposait de dix jours pour faire appel. Mais dès hier, son avocat, Me Bouchaillou, n'a pas laissé le suspense durer. Il déclare qu'aucune demande d'appel ne sera formulée. La condamnation devient donc définitive.
Pour le policier, grièvement blessé, sa famille et son collègue (atteint psychologiquement), cette décision prend une importance considérable : ils n'auront plus à raconter à nouveau leurs traumatismes, à revivre le drame lors d'un second procès à Amiens ou Beauvais.
Si ce choix repose sur une certaine logique puisqu'une condamnation plus lourde restait du domaine du possible, c'est bien l'attitude de Bruno Notta qui interpelle.
Un homme seul, étouffé par la tristesse, la révolte d'avoir vu la femme de sa vie se pendre avec une laisse à chien. Un être peu à l'aise avec les mots. Il avait seulement exprimé ses regrets en lançant : « Je demande un grand pardon ». Mais il était resté impénétrable sur son attitude.

Un vent d'humanité
Lors des trois jours de débats, il avait expliqué qu'il ne souriait jamais depuis la disparition tragique de son épouse. Son avocat stupéfait l'a découvert après le verdict, avec une mine satisfaite. « Il n'était pas narquois, mais m'a donné le sentiment curieux qu'il était un homme libéré », raconte son défenseur qui ajoute : « Il accepte sa peine et sa responsabilité. C'est important pour les victimes. J'aurais préféré qu'il exprime ce sentiment lors des débats. Il a pleinement pris conscience des actes qu'il a commis. »
Voilà donc un vent d'humanité soufflant sur une affaire particulièrement douloureuse. Sans doute, Bruno Notta s'est-il lui-même senti ébranlé par le dévouement et le courage du fonctionnaire qui s'est retrouvé bloqué sous les roues de son véhicule. Le policier, contraint désormais à des tâches de bureau, avait ainsi expliqué son métier sur le terrain. « J'aimais ce côté concret, utile. Je trouvais motivant d'empêcher des drames. Nous pouvions nous dire que nous sauvions des vies. Evidemment, cette lutte contre l'alcoolisme au volant n'est pas visible. »
Finalement, le bourreau et celui qui a enduré le martyre par sa faute, sont liés, malgré toutes leurs différences, par un même rejet de la haine. Une intense leçon d'humanité.
http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/policier-grievement-blesse-il-ny-aura-pas-un-second-proces

Aucun commentaire: