Le jeune Vrignois qui, de colère, avait arraché le radiateur auquel il était menotté, a été condamné à 8 mois de prison dont quatre avec sursis. Son avocat, Me Delgenes, lui a évité le mandat de dépôt.
C'EST une histoire à rebondissements. Mais alors, quels rebondissements ! Tout a commencé le 4 décembre dernier par une violente dispute au sein d'un couple en ménage depuis à peine un an dans un appartement de Vrigne-aux-Bois.
À l'origine de cette altercation, un courrier de la banque qui signalait que Jessica, la compagne de Teddy Mendes, était à découvert. Teddy a voulu des explications, Jessica en voulait tout autant puisque comme elle l'a dit à la barre, elle soupçonnait son compagnon de se servir sur son compte pour jouer au poker sur Internet.
D'un mot, ils en sont venus à un autre, puis un cendrier a volé dans les dents du garçon. Ce dernier a senti la colère redoubler en lui et il s'est chargé de calmer sa moitié de manière assez virile : « Mais jamais je ne l'ai frappée monsieur le président. Je l'ai saisie par les bras, je l'ai sans doute bousculée, on a gesticulé, mais jamais je ne l'aurais tapée, d'autant qu'elle était enceinte de deux mois et qu'elle portait mon enfant ».
Jessica donne à son tour sa version des faits : « Je me souviens surtout qu'il m'a saisie à la gorge et m'a plaquée contre le frigo ensuite, je me suis défendue ».
Se doutant que les gendarmes avaient été alertés, Teddy va prendre la fuite en emportant les clés de l'appartement et en « empruntant » la voiture de sa compagne, bien que non titulaire du permis de conduire. C'est à partir de ce moment que tout va sérieusement se compliquer.
« Quand l'adjudant m'a téléphoné pour me raisonner et me demander de me présenter à la gendarmerie, je lui ai dit d'accord, mais demain matin » explique-t-il. Les gendarmes ne seront pas aussi patients. Ils décident donc d'aller chercher le jeune homme à son appartement. « Je n'ai pas voulu leur ouvrir parce que j'avais vu par l'œilleton de la porte que l'un des gendarmes avait sorti un taser. Je lui ai demandé de le ranger sinon j'ouvrais pas ».
Après avoir reçu l'aval du procureur par téléphone, les militaires ont finalement défoncé la porte. Teddy a été balayé, menotté, puis traîné dans les escaliers car manifestement, il n'y mettait pas vraiment du sien. Restait à le faire monter dans le fourgon, ce n'était pas gagné d'avance. L'adjudant en sait quelque chose, il en a le genou encore contusionné suite à un coup de pied que le prévenu affirme avoir donné involontairement.
La porte du véhicule a également eu à subir les foudres de ce garçon. Explication du prévenu : « Je voulais tout simplement parler à ma copine avant qu'ils ne m'embarquent. Ils m'auraient accordé ça, ça se serait sans doute mieux passé ».
Arrivé à la brigade, Teddy, manifestement toujours pas calmé, pose de plus en plus de problèmes. Il est fait appel à un médecin pour lui injecter une dose de tranquillisant.
Cela ne suffira pas. Menotté à un radiateur, Teddy va tout bonnement l'arracher provoquant une mini-inondation dans la gendarmerie de Vrigne-aux-Bois. Beaucoup de ramdam pour, au départ, une histoire de deux chèques refusés.
La procureure s'est quelque peu agacée du comportement du prévenu : « Certes, il reconnaît les faits, mais il les minimise. Il parle de bousculade avec sa compagne alors que moi j'ai sous les yeux une expertise médicale qui en dit long sur les violences qu'il a exercées sur elle. De plus, M. Mendes voudrait décider de tout, de quand il va en garde à vue, dans quelles conditions, il veut aussi que sa compagne retire sa plainte… Je reste persuadée que la force utilisée par les gendarmes est proportionnelle à l'état de surexcitation de celui-ci. Je demanderai donc au tribunal de prononcer une peine de 8 mois ferme ainsi qu'un mandat de dépôt ».
Il a fallu tout le talent de Me Delgenes pour éviter à son client de retourner en prison : « Vous vous rendez compte, il est 17 h 30, ça fait une demi-heure que je plaide en comparution immédiate pour une ITT de deux jours. Les violences sur Jessica ? Oui, effectivement, on nous parle d'érythèmes, ça fait pompeux comme mot, mais regardez dans le dictionnaire. Ce n'est ni plus ni moins qu'une rougeur… Certes ce que mon client a fait n'est pas bien, mais on ne va tout de même pas en faire le dernier des gougnafiers, il ne faut tout de même pas exagérer. Il a décidé de faire une croix sur tout ça, sur sa compagne également. Il doit commencer un travail le 3 janvier dans l'Hérault dans la construction et son expertise psychiatrique lui est particulièrement favorable. Je pense qu'on peut lui faire confiance. Le mandat de dépôt n'est en tout cas pas la solution ».
Message reçu apparemment puisque le tribunal a ordonné la remise en liberté de Teddy Mendes revoyant par ailleurs les réquisitions du parquet à la baisse : 8 mois de prison, dont quatre assortis du sursis. Le prévenu devra par ailleurs indemniser l'adjudant de gendarmerie (1 000 €) et son ex-amie (1 300 €).http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/8-mois-dont-4-avec-sursis-pour-setre-trop-enerve
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