Des petits bras devant des victimes bien trop crédules… La justice a peiné pendant 11 ans pour comprendre les mécanismes de l'escroquerie qu'elle examinait hier encore. Les vrais coupables sont dans la nature.
«JE vais vous le dire franchement, je n'ai pas à l'égard de ces parties-civiles le même élan passionnel que dans d'autres affaires. » C'est un procureur qui parle et les choses sont claires : si ceux que nombre d'avocats viennent de défendre ont perdu beaucoup d'argent, sans doute est-ce parce qu'ils ont été égarés par l'appât du gain. Des victimes, oui, dans les faits. Mais juridiquement parlant, si l'on en croit les ténors venus résumer le rôle de chacun des intermédiaires, pas sûr du tout. A ce point qu'hier soir tard, tous, sans exception ont plaidé la relaxe de leurs clients …
Rien d'anormal !Onze ans de procédure… La Cour européenne des droits de l'homme pourrait avoir son mot à dire ici tant le délai entre les mises en examen et les jugements aura été long. Une instruction clôturée à la limite de la prescription, une ordonnance de renvoi jugée souvent imprécise et, ce n'est pas la moindre des choses, aucune réquisition écrite du parquet, comme c'est l'usage dans des dossiers de cette importance… Résultat : le tribunal est à présent tenu par les termes de l'ordonnance du juge Levrault. Un point de levier inespéré pour les défenseurs des neuf prévenus.
Prévenus mais coupable ? Est-ce répréhensible, par exemple, lorsqu'on s'appelle Jean-Claude Machuron, que l'on est issu d'une famille d'industriels de l'électroménager, que l'on est titulaire d'un diplôme d'école supérieure de commerce et d'un master obtenu au Canada, est-ce coupable de vouloir, parce que financièrement on est un peu juste, faire de l'argent en mettant en relation un client et un investisseur ? Semble-t-il, d'autant que, et tous le déclinent à loisir, nul ne rapporte la preuve que les intermédiaires avaient connaissance du mécanisme de l'escroquerie montée par Ahmet Koité (notre édition d'hier). D'ailleurs, ces « placements à très hauts rendements », cela existe. Et le « trading » aussi. Alors… ?
Echapper au fisc
Qui pouvait savoir que Koité ne rendrait pas l'argent ? Les clients, certainement pas ; moult documents « attestaient » de la surface financière du Sénégalais. Les intermédiaires ? Flamand, par exemple, devait être payés directement par le client en cas de plus value majeure. « On a ici de petits bras, je suis désolé si ça en vexe certains mais comme dans un trafic de drogue il y a les dealers et les gros bonnets, ici, c'est la même chose. Les vrais gros escrocs ne sont pas là », regrette Olivier Hussenet au ministère public.
C'est bien le minimum car pour le reste, malgré le pilonnage des plaideurs Antonini et Panzani, les victimes ont passé de sales minutes. François Trichet n'a pas assisté aux échanges hier après-midi. Son conseil pas plus. « J'aurais bien aimé savoir pourquoi, alors que le contrat de prêt soulignait que l'argent confié devait être disponible et non lui-même emprunté, pourquoi les Trichet ont dérogé à cette règle », interroge le conseil de Machuron. « Et pourquoi les cousins avaient créé une holding au Luxembourg si ce n'était pour y déposer les rentrées espérées et échapper au fisc ! ». Des affirmations assassines auxquelles nul n'a pu répondre.
http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/escroquerie-les-deux-cerveaux-toujours-en-fuite
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