Nancy : « Je n’ai pas voulu tuer ce jeune »

Il venait tout juste d’avoir 18 ans, n’avait jamais connu la prison, malgré quelques passages par le tribunal pour enfants, quand il a donné ce coup de couteau, dans la nuit du 23 au 24 mars 2007, à Etain (55). La lame de 8 cm s’est enfoncée entièrement entre deux côtes et a touché le cœur. Aux assises, en 2010, il a écopé de 15 ans de réclusion.
Hier matin, en appel devant la cour d’assises de Moselle, présidée par Catherine Sammari, le Verdunois Kevin Durckel, cheveu court, pull bleu clair, décrit par tous comme « un bon gars, travailleur », a assuré qu’il ne souhaitait pas la mort de Kevin Robert, 20 ans, lors de cette rixe qui a dégénéré. « Je ne voulais pas tuer ce jeune ». Il assure avoir sorti ce couteau pour « se défendre ».
Cette bagarre est survenue alors que depuis quelques semaines, une bande de jeunes harcelait la famille de Cédric Hanesse, le meilleur ami de Kevin Durckel. La raison de cette discorde ? Plutôt obscure. Certains parlent d’un regard de travers, échangé à l’été 2006, entre Cédric et Anthony, lors d’une fête foraine…
« Il ne s’est rien passé pendant un an », assure Cédric à la barre. Mais 15 jours avant le drame, « quatre jeunes en scooter, dont Anthony, ont voulu me sauter dessus. Après, cela n’a pas arrêté. Ils venaient sans cesse au domicile de mes parents, pour nous menacer ». Le 17 mars, une douzaine de jeunes débarquent dans la cour de la famille Hanesse, armés de battes de base-ball, tentent de défoncer la porte d’entrée. Présent chez son ami, Kevin Durckel blesse l’un des assaillants d’un coup de pied dans le thorax. « À chaque fois, on appelait les gendarmes d’Étain, qui venaient, mais qui nous disaient qu’ils n’avaient pas que ça à faire… ».
23 mars, 0 h 50 : Kevin, qui passe le week-end chez les Hanesse, sort prendre l’air dans la cour. Ludovic le rejoint mais veut du cannabis. Les deux jeunes voient passer Abdallah, qu’ils ne connaissent pas. « On lui a dit qu’on était des amis de Cédric, qu’on voulait du shit. C’est lui qui nous a dit de le suivre ».
Arrivés au pied d’un immeuble, Kevin et Ludovic reconnaissent les visages de certains de leurs agresseurs. « On ne savait pas où habitait Anthony. C’était un piège en fait… ». Les deux jeunes prennent leurs jambes à leur cou. « Ils nous ont rattrapés. Et ils nous ont séparés ». Kevin Durckel fait face à Anthony et Kevin Robert, un jeune maçon arrivé depuis un mois en Meuse et voisin d’Anthony. « Anthony avait un ceinturon à la main », confie Ludovic. Kevin Robert a-t-il voulu séparer les deux hommes ? Toujours est-il qu’il reçoit un coup de couteau. Il rendra son dernier souffle dans les bras d’Aline, son amie.
M ^e Cotta, l’avocate de Kevin Durckel, souhaite la requalification du meurtre en « violences volontaires avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Ce qui ferait baisser la peine maximale encourue de 30 ans à 20 ans de réclusion mais ne fera pas oublier que cette mort d’un gamin de 20 ans est d’une incroyable stupidité. Verdict dans la soirée.
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2012/01/19/je-n-ai-pas-voulu-tuer-ce-jeune