Ils prenaient des paris sportifs et réglaient avec des cartes bancaires contrefaites. Une vingtaine de Roumains, qui sévissaient dans toute la France, ont été condamnés. Et ce, grâce à la sagacité du patron d'un bureau de tabac ardennais.
Un important réseau de trafic de cartes bancaires contrefaites avec lesquelles les auteurs pariaient sur des jeux sportifs, vient d'être démantelé par les policiers de la JIRS (juridiction interrégionale spécialisée) de Lille. Une affaire qui a vu le jour à Charleville-Mézières avec l'arrestation en novembre 2009 de trois des auteurs.
Les 24 ressortissants roumains soupçonnés d'avoir escroqué dans la France entière des paris sportifs à l'aide de cartes bancaires contrefaites ont été jugés durant une semaine devant le tribunal correctionnel de Lille. Le jugement est tombé hier soir.
Sur les 24 personnes, il y a eu des peines de 12 mois avec sursis à 5 ans ferme. Les peines sont globalement conformes à l'échelle des peines requises par le procureur de la République.
Trois prévenus ont été condamnés à 5 ans de prison. Deux autres individus à 4 ans prison et trois auteurs ont été condamnés à 3 ans prison.
La moitié des avoirs criminels gelés à l'étranger (notamment des biens immobiliers) ont fait l'objet d'une confiscation. La justice ayant soupçonné certains membres du réseau d'avoir acheté des immeubles en Roumanie avec l'argent des quelque 1.300 escroqueries pour un préjudice total de 687.480 euros, avait saisi les biens immobiliers.
C'est à la suite d'une alerte d'un patron de bureau de tabac de Warcq, en novembre 2009, qui avait observé des défauts sur la carte bancaire (elle était sans puce) qu'un joueur venait de lui remettre pour payer son pari. Les policiers carolos se sont rendus immédiatement dans l'établissement où ils ont interpellé deux hommes dans le bureau de tabac ainsi qu'un troisième qui attendait ses deux complices à l'extérieur, dans une voiture.
Le parquet de Charleville-Mézières a ouvert une information judiciaire. L'enquête menée dans un premier temps avec le concours du SRPJ de Reims a permis de savoir que les trois individus d'origine roumaine avaient déjà opéré dans plusieurs autres bars-tabac et jeux des Ardennes. Une perquisition effectuée dans l'hôtel où ils logeaient, à Bligny dans l'Essonne, a permis aux policiers de récupérer une imprimante et une machine à plastifier.
Les numéros frauduleux des cartes bancaires contrefaites étaient fournis par une filière ukrainienne.
A chaque fois, il s'agissait de centaines d'euros, commis un peu partout en France : Bordeaux, région parisienne, Nantes, Rennes, Nancy, Troyes, La Rochelle, Toulouse, Reims, Metz, Agen et Pau… Dans les Ardennes, les escrocs ont raflé environ 4 000 euros, ce qui correspond à des paris mais aussi à différents achats.
A Pau, où une arrestation avait eu lieu deux mois avant celle du chef-lieu des Ardennes, le parquet s'était dessaisi au profit du procureur de la République de Charleville, qui s'est, à son tour dessaisi au profit de la JIRS de Lille qui a poursuivi les 24 individus, pour escroquerie en bande organisée et association de malfaiteurs.
Les policiers de Bucarest, de la direction des investigations en relation avec le crime organisé et le terrorisme, ont permis l'arrestation de la base arrière de ce réseau, à Slatina, une ville industrielle du sud-ouest de la Roumanie dont ils sont pour la plupart originaires. Tout le réseau n'a toutefois pu être reconstitué et son chef présumé est toujours en fuite, sous le coup d'un mandat d'arrêt.
C'est le GIE Cartes bancaires qui fut la principale victime de cette escroquerie. Il s'était d'ailleurs constitué partie civile.
http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/un-buraliste-de-warcq-permet-le-demantelement-dun-reseau
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