Cinq ans d'instruction, 132 cotes de procédure et toujours pas de jugement : le procès d'un accident mortel du travail survenu chez Airbus en 2005 a été une nouvelle fois ajourné hier.
Qui est réellement responsable de la mort de Gilles Dudde ? Il faudra attendre encore de long mois pour savoir pourquoi le jeune mécanicien âgé de 33 ans est mort écrasé par le train d'atterrissage de l'Airbus A 300 sur lequel il travaillait le 10 février 2005 à Colomiers. Car dans ce dossier, les actes de procédure se succèdent depuis sept ans sans que les faits n'aient encore jamais été examinés au fond par un tribunal. L'enquête ouverte immédiatement après l'accident a d'abord été classée sans suite. Puis une plainte contre X avec constitution de partie civile déposée par les proches de la victime a débouché sur une ordonnance de non-lieu. Hier, c'est une citation directe de la partie civile qui a conduit trois cadres de l'entreprise ainsi que la SAS Airbus France à comparaître devant le tribunal correctionnel de Toulouse pour « homicide involontaire dans le cadre du travail et homicide involontaire par personne morale. »
Gilles Dudde est mort vers 16 h 30. « Normalement, le système hydraulique aurait dû être coupé par l'ouvrier qui travaillait à l'arrière de l'avion. Mais ces consignes n'ont pas été respectées et la pression a été remise sans vérifier qu'il n'y avait personne dans les zones à risque », explique Raoul Dudde le père de la victime. Dans deux rapports établis en septembre 2005 et mars 2008, l'inspection du travail attribue également l'origine du drame à des consignes de sécurité non appliquées.
Mais hier après-midi, les juges ont une nouvelle fois été amenés à statuer sur la forme et à remettre à plus tard l'examen des circonstances de l'accident. Car pour les trois avocats d'Airbus, la citation directe de la partie civile n'est pas recevable, puisque les prévenus ont déjà bénéficié d'un non lieu et ne peuvent donc être une nouvelle fois poursuivis pour les mêmes faits. Arguments longuement réfutés par Me Emmanuel Tricoire, pour qui les trois prévenus n'ont été cités qu'à titre de témoins assistés. « Ils ne font donc pas partie de la procédure comme s'ils avaient été mis en examen et ne bénéficient donc pas de l'autorité de la chose jugée. » Analyse partagée par le ministère public. Le tribunal s'est quant à lui laissé jusqu'au 7 juin, pour rendre sa décision sur la recevabilité de la citation directe. S'il répond par l'affirmative, l'affaire pourra enfin être jugée au fond, après que les avocats d'Airbus ont épuisé tous les recours dont ils disposent pour s'y opposer. Si le dossier est jugé irrecevable, ce sera la fin de l'affaire. Et personne ne saura jamais pourquoi, ni dans quelles circonstances exactes Gille Dudde a trouvé la mort un soir de février 2005 dans un atelier d'Airbus à Colomiers.
http://www.ladepeche.fr/article/2012/03/23/1312802-accident-mortel-le-proces-enlise-dans-la-procedure.html
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