Incarnacion Franco Franco se présente à la barre entre deux policiers : elle est grande et baraquée, vêtue d'un bermuda en jean, d'un pull blanc à capuche, de baskets et chaussettes noires montant à mi-mollet. Rien d'une Grande Horizontale de la Belle Époque, Nana ou Odette de Crécy, mais plutôt la silhouette d'un coach d'haltérophilie. Incarnacion Franco Franco venait demander sa remise en liberté, hier, devant la chambre de l'instruction, accompagnée d'une interprète. Le 2 avril, la police fait une descente dans une maison de la rue du 11-Novembre à Aureilhan. Depuis le mois d'octobre, la maison était sous surveillance, après recueillement d'un renseignement : la maison serait une maison close, abritant plusieurs prostituées. Une information judiciaire est ouverte le 15 février dernier et une commission rogatoire confirme la nature de l'établissement. En effet, les policiers interrogent un homme qui sort de la maison et qui reconnaît avoir eu une relation sexuelle tarifée. À l'intérieur, ils vont trouver 7 filles, d'origine espagnole et sud-américaine, qui se prostituaient régulièrement pour le compte d'Incarnacion. Les policiers vont embarquer la dame et son compagnon, Juan Carlos Dominguez de La Cruz. Madame sera placée en détention provisoire et Monsieur, qui servait surtout d'homme à tout faire, sera laissé en liberté.
6.000 € par mois
Incarnacion explique être arrivée en France en mai 2011 et se retrouve sans travail. Avec une copine rencontrée dans un salon de coiffure, elle a l'idée de se prostituer le mois suivant son arrivée. Mais, visiblement, la dame voit les choses en plus grand : avec son compagnon Juan Carlos, elle loue la maison d'Aureilhan et grâce à son site internet « Viva street », recrute des filles qu'elle installe rue du 11-Novembre. Les filles sont logées, nourries, blanchies et reversent 50 % de leurs gains à Incarnacion. Grâce à cela, elle arrive à un montant moyen de 6.000 € par mois, en ayant employé entre 30 et 40 filles, par roulement.Simple commerce
Pour Incarnacion, il n'y a rien d'illégal là-dedans et elle explique qu'en Espagne, la location d'appartements est un simple commerce, tout à fait autorisé. Peut-être, mais pas en France, lui rétorque le président. L'avocat général Jéol va démontrer, sans grand mal, que le couple vivait exclusivement de ses revenus de prostitution et de rien d'autre. Et que si Incarnacion ignorait les lois françaises comme elle le prétend, un ami de Bordères-sur-l'Échez, gérant d'un bar, ne les ignorait pas, lui, quand il leur donnait un coup de main pour des travaux dans la maison ou pour des transports de filles. Outre la maison d'Aureilhan, Incarnacion louait un appartement rue Soucourieu et avait installé deux filles à l'hôtel Nuits de Shanghaï à Auch. Pour son avocat, Me Mesa : « Elle reconnaît avoir fait une erreur, avoir fait comme cela se fait en Espagne, tout près de la frontière. Certes, elle était dans l'illégalité la plus irréprochable (sic), mais comme elle est de bonne foi, elle voulait faire les démarches auprès de la chambre de commerce pour des « activités de massages » et obtenir un numéro Siret. En Espagne, ce sont des commerçants, pas ici. Son activité n'est en rien liée au grand banditisme ou au blanchiment d'argent. Elle a été simplement naïve et n'a rien à faire en prison ». Pour l'avocat général, le son de cloche est tout à fait différent et il ne croit pas une seule seconde à la naïveté de la prévenue qui, selon lui, savait très bien ce qu'elle faisait. Pour lui, le maintien en détention s'impose. La décision sera rendue demain, à 9 heures.http://www.ladepeche.fr/article/2012/04/18/1333405-la-proxenete-veut-etre-liberee.html
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