Un viticulteur marnais qui pillait depuis des décennies les sites archéologiques de la région vient d'être confondu par les douaniers de Melun. Ils ont découvert à son domicile 2 321 objets d'époques gauloise, gallo-romaine et mérovingienne.
IL avait transformé sa maison en « véritable musée privé », avec des vitrines entières remplies d'une collection à faire pâlir d'envie les archéologues professionnels. Deux milliers de pièces de monnaie, de poteries, de céramiques, de silex et d'objets divers d'époque gauloise, gallo-romaine ou mérovingienne (1 500 à 2 500 ans).
Les douaniers ont tout saisi. Viticulteur marnais d'une cinquantaine d'années dont l'identité et la commune de résidence n'ont pas filtré, l'homme s'est constitué ce trésor en pillant « depuis des décennies des sites archéologiques de la Marne, de l'Aube et de la Seine-et-Marne », indique Jean-Louis Bouvier, directeur des douanes de Paris-Est.
Repérage par avion !
L'affaire mise en lumière par ses services n'a été révélée qu'hier. Elle a démarré avec un banal contrôle routier réalisé le 5 février sur une route de La Ferté-sous-Jouarre (Seine-et-Marne). Dans le véhicule du viticulteur, les douaniers de Melun ont découvert une pochette plastique contenant 112 pièces de monnaie « d'apparence très ancienne ».
Consulté pour expertise, le service archéologique de la direction régionale des affaires culturelles d'Ile-de-France a confirmé qu'il s'agissait de biens culturels datant pour l'essentiel de l'époque gauloise et gallo-romaine. L'automobiliste n'a pu présenter aucun justificatif de détention de ces objets soumis à une réglementation stricte. Une visite domiciliaire des douanes révélait alors l'extraordinaire richesse de sa collection.
« Nous avons récupéré chez lui 2 321 objets. Une telle saisie est exceptionnelle, non seulement en raison du volume mais également de par la qualité des biens », explique Jean-Louis Bouvier. « C'est un amateur très éclairé. Il commençait par travailler à partir de documents pour repérer des sites potentiels. Il consultait également les vues satellites et il lui arrivait même de louer des heures de vol en avion de tourisme pour prendre des photographies aériennes. C'est une méthode couramment utilisée par les archéologues. Quand les champs sont plantés, les cultures ne poussent pas de la même façon là où sont enfouis des vestiges. Leur présence forme des dessins faciles à repérer du ciel. »
Détecteur de métaux
Lorsque tous les travaux d'approche étaient terminés, le pilleur se rendait sur place pour prospecter avec un détecteur de métaux. Son savoir encyclopédique lui permettait de faire le tri entre les objets sans intérêt et les autres, d'où la grande valeur de sa collection.
« Elle est toujours en cours d'estimation », précise M.Bouvier. « L'intervention de plusieurs experts est nécessaire compte tenu des périodes différentes et de la grande variété des biens. »
Aucune information n'a été livrée sur les sites prospectés dans la Marne, l'Aube et la Seine-et-Marne, « par souci de protection car tout propriétaire d'un détecteur de métaux est un pilleur en puissance », mais vu la richesse archéologique de la région et la période d'activité du pilleur, celui-ci a dû sévir sur des dizaines de sites dispersés dans les trois départements.
L'aspect lucratif n'était pas absent. Afin de tirer quelque argent de ses fouilles illégales, il lui arrivait de revendre une partie de ses trouvailles sur Internet ou lors de bourses entre collectionneurs. Le 5 février, les douanes l'ont d'ailleurs intercepté alors qu'il se rendait dans une bourse en région parisienne.
DIAPORAMA] Un petit coup d'oeil sur une partie du trésor saisi au domicile marnais de ce pilleur, en cliquant ici
http://www.lunion.presse.fr/article/marne/diapo-le-viticulteur-pillait-les-sites-archeologiques-de-la-region
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