Chemise noire, catogan blond et bouc bien entretenu, Pavel Batakov a tenté de faire bonne figure hier devant le tribunal correctionnel de Melun. Ce Tchèque de 43 ans est resté debout durant les trois heures d’audience, scruté par les familles des sept victimes qu’il a tuées et blessées avec son camion sur la N104 intérieure, à Combs-la-Ville, le 29 mars 2011
Ce matin-là, vers 8h40, un embouteillage se forme près de la zone logistique de Sénart. Des voitures mettent leurs feux de détresse pour prévenir les véhicules derrière eux. Pavel Batakov arrive à 89 km/h avec son poids lourd de 30 t chargé de machines-outils agricoles. Surpris, il ne freine qu’au dernier moment, sur 6,80 m. Il percute d’abord une Citroën Jumper. Le choc est effroyable. A l’intérieur, Stéphane et son passager sont broyés. L’un d’eux est même décapité. Le camion fou termine sa course après avoir raclé la barrière de sécurité sur 33 m et écrasé une BMW entre lui et un autre poids lourd.
Bilan : trois morts et quatre blessés, dont un très grave, Claude, qui subira deux mois d’hôpital et neuf mois de rééducation.
« Les analyses toxicologiques ont montré que vous aviez des traces importantes de cannabis dans l’organisme », lance au chauffeur tchèque François-Marie Giacomoni, le président. « Pour mes problèmes de peau, du psoriasis, j’utilisais de la pommade au cannabis. Et j’avais bu une tisane au cannabis la veille de l’accident. » « L’usage de cannabis à des fins médicinales vient d’être autorisé en République tchèque mais pas en France, rétorque le président. Et, surtout, l’expertise précise que les traces relevées prouvent une consommation récente et par inhalation. Vous aviez donc fumé des joints. » « Je n’ai jamais fumé de cannabis », se défend le Tchèque.
« Vous rouliez à une vitesse excessive, 89 km/h au lieu de 80 », poursuit le juge. « J’étais en retard. Je ne m’étais pas réveillé à 1 heure comme prévu », justifie-t-il. « On se demande pourquoi. Le cannabis peut-être », suggère le président. « Je m’étais perdu, répond Pavel. Donc j’ai regardé le GPS puis, d’un seul coup, il y avait des voitures arrêtées devant moi. »
La procureur a requis sept ans de prison dont un ou deux avec sursis, « à cause de la vitesse, du nombre important de victimes et car un professionnel de la route doit être encore plus irréprochable que les autres conducteurs ». Le tribunal a condamné Pavel Batakov à cinq ans de prison dont deux ans et demi avec sursis, auxquels on retranchera les quatorze mois qu’il vient de purger en détention provisoire. Il est également interdit de conduite en France pendant trois ans.
De toute façon, « il m’est inimaginable de prendre le volant de nouveau », confie-t-il. Se tournant vers les familles, les yeux embués de larmes, il leur adresse une dernière fois ses excuses les plus profondes. « Mais je ne trouve pas les mots pour exprimer mes regrets. »http://www.leparisien.fr/combs-la-ville-77380/le-chauffard-meurtrier-de-la-n104-etait-drogue-15-05-2012-2001034.php
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