Deux Soissonnais ont dû comparaître devant la justice pour avoir tenté de régler leur compte eux-mêmes, en se trompant de cible. Explications.
EN sortant d'un supermarché du centre-ville, un garçon n'a pas compris ce qui lui arrivait. Deux hommes lui sont tombés dessus, l'accusant d'un vol de portable. En le menaçant, ils l'ont forcé à monter dans leur véhicule. En réalité, le jeune homme, mineur au moment de l'agression et aujourd'hui majeur, n'avait rien à voir de près ou de loin dans cette histoire.
Les faits remontent au 1er octobre de l'année dernière, et ont été examinés ce lundi par les juges du tribunal de Soissons. Younesse et Alexandre, deux Soissonnais au casier judiciaire vierge ont dû s'expliquer à propos de « l'arrestation » virile subie par un innocent. Les deux hommes, âgés respectivement de 30 et 38 ans, ont tenté de faire justice eux-mêmes suite à un vol de téléphone portable. Leurs avocats, Me Antonini (barreau de Saint-Quentin) et Me Delarue (barreau d'Amiens) ont insisté sur le caractère non-intentionnel de leurs agissements. L'avocate de la partie civile, Me Poirette a quant à elle insisté sur le traumatisme subit par le jeune garçon.
Arrêté puis enlevé
Tout débute par un vol dans un commerce de la rue du Collège à Soissons. La commerçante est victime du « coup de la pochette ». Deux hommes prétendant vendre des produits ont posé leur pochette sur le comptoir et, en la reprenant, en ont profité pour emporter un iPhone 4. En l'occurrence celui de la gérante.
Dès qu'elle constate avoir été flouée, la femme file au commissariat. Il est entre 13 et 14 heures un samedi, la porte est fermée. Plutôt que de sonner, elle a visiblement fait demi-tour pour aller trouver son concubin, Alexandre. Elle lui a alors fourni une description des voleurs. Son compagnon a proposé à un ami, Younesse, de les retrouver.
Les deux hommes embarquent à bord d'un 4x4 noir et partent en ville à la recherche du portable. Alors qu'ils empruntent la rue Saint-Martin, l'un d'eux croit reconnaître l'un des deux voleurs, circulant à pied tout près du tribunal. Les deux « justiciers » interpellent un groupe de passants en leur disant d'attraper le jeune homme car c'est un voleur de portable. La victime est plaquée au sol.
Ses poursuivants le rattrapent et le somme de remettre le téléphone dérobé. Ce dont le pauvre bougre n'a jamais entendu parler. Sur ces entrefaites, le duo le prie manu militari de monter dans leur voiture. Selon un témoin, il est menacé avec une arme de poing, et reçoit un coup de crosse sur la tête. Les deux prévenus ont nié durant leur garde à vue, ainsi qu'à la barre du tribunal l'existence de cette arme. Arme qui n'a pas été retrouvée lors de l'enquête.
La jeune victime sera « relâchée » un peu plus tard, lorsque les deux justiciers croisent une patrouille de police, et le « livre » aux forces de l'ordre. D'une part, ce sont les justiciers qui ont eu à faire face aux juges. D'autre part, les « vrais » auteurs du vol n'ont jamais été retrouvés.
Les magistrats se prononceront sur ce dossier le 11 juin prochain. Le ministère Public a requis des peines d'amende à l'encontre des deux prévenus : 4 000 euros pour Alexandre, 2 000 euros pour Younesse. La partie civile a par ailleurs demandé 2 000 euros de dommages et intérêts.http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/les-justiciers-maladroits-se-retrouvent-au-tribunal
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