Ce toxicomane devenu trafiquant a été condamné à un an de prison.
LE mois dernier, trois hommes avaient été condamnés pour avoir participé à un trafic d'héroïne sur Sedan et Vivier-au-Court.
Lundi, c'était au tour d'Aziz de comparaître. Ce jeune homme de 35 ans, sans aucun antécédent judiciaire, est accusé d'être la tête de ce réseau. Le 9 janvier, il était interpellé au volant d'une de ses deux voitures : les douaniers trouvent 403 grammes d'héroïne.
La perquisition menée dans la foulée à son domicile permet de mettre la main sur 170 grammes supplémentaires, 3 000 euros en liquide et une balance électronique.
Importation, offre, transport, détention, acquisition et usage de stupéfiants : Aziz risque dix ans de prison.
Voilà dix ans que ce dernier est arrivé en France en provenance du Maroc. Neuf ans qu'il est en CDI dans la même entreprise.
Marié, cinq enfants. Et quatre ans qu'il est tombé dans la drogue : « Au début, j'en prenais le week-end. Je sniffais. Mais après, les autres jours, on n'est pas bien. Alors, j'en prenais le matin, avant d'aller travailler ». Au total, treize personnes le mettent en cause.
A la présidente du tribunal, Aziz dit : « Je ne veux pas porter le chapeau pour rien ». Plusieurs fois, il a nommé celui qui, selon lui, serait le véritable meneur du réseau. Les investigations menées n'ont rien donné.
A raison de quelques grammes par-ci par-là, environ 2,5 kilos auraient été vendus sur l'année 2011.
Dans son box, Aziz, traité au subutex depuis qu'il a été placé en détention provisoire, revient sur ses dépositions et minimise l'ampleur présumée de ce trafic.
Regard noir, la présidente soupire : « Bon, un kilo au total vous dites… Mais c'est pas mal, quand même, non ? L'héroïne, je veux dire, c'est pas des bonbons quand même ? »
« Donnez-moi une chance ! »
La substitut du procureur regrette les « contradictions du prévenu qui, tout d'un coup, nous parle de pressions diverses et variées exercées par les gendarmes », s'agace qu'Aziz ait « mis en péril tout ce qu'il avait pour se plonger dans le trafic d'une drogue mortifère au point que celui-ci lui permettait de vivre ».
La magistrate réclame dix-huit mois de prison - et autant de sursis - avec mandat de dépôt et obligation de soins.
Puis survient un incident d'audience rarissime : un des deux assesseurs de la présidente finit par s'apercevoir que c'est lui qui, en tant que juge des libertés, avait décidé en janvier du placement en détention provisoire d'Aziz. Or, un magistrat qui a statué une fois sur un prévenu ne peut rejuger celui-ci, ceci afin d'éviter tout préjugé. Alors, que faire ?
Renvoyer l'audience à une date ultérieure ou tout recommencer avec un nouvel assesseur ? La seconde option est choisie. Et tout recommence…
Enfin invité à plaider, l'avocat d'Aziz s'énerve : « La première fois, on met trois quarts d'heure pour étudier les faits et interroger le prévenu. Et la fois suivante, tout est plié en quinze minutes ! Mais puisque je n'ai pas le choix, je vais faire avec cette incongruité juridique ! »
Sur les faits, l'avocat de la défense estime « disproportionné et surestimé » le rôle attribué à son client.
« Il faut arrêter les fantasmes », clame-t-il. L'homme dans le box se met à sangloter : « Tout ça, ça m'a apporté la honte… Donnez-moi une chance ! »
Au final, Aziz écope d'un an de prison - et autant de sursis - avec, en outre, l'obligation de continuer à se soigner.
http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/trafic-dheroine-marie-salarie-et-trafiquant
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