«Il faut avant tout penser à la douleur de la famille de la victime. C'est un accident tragique. Mais nous ne pouvons pas laisser courir une fausse rumeur », tranche la responsable de l'ambulance privée qui emploie le conducteur du véhicule impliqué dans l'accident mortel, survenu samedi matin au col Saint-Ignace.
Rappelons à ceux qui n'auraient pas lu notre édition d'hier qu'une cycliste girondine, âgée de 67 ans, est décédée suite à un choc frontal avec une ambulance en service, dans un virage du col menant au Petit train de la Rhune. Selon les premières constatations, l'ambulancier, un Hendayais de 22 ans, était en train de doubler une file de voitures quand l'accident a eu lieu à la sortie d'un virage.
Réquisition du Samu
Si l'employeur a tenu à réagir, c'est pour rappeler les circonstances exactes de l'intervention : « Le Samu nous a appelés pour un patient domicilié entre Saint-Pée-sur-Nivelle et Sare. Il y avait une suspicion d'accident vasculaire cérébral (AVC) selon les consignes. À partir du moment où nous étions réquisitionnés par le Samu, il y avait urgence. Et c'est pour cette raison que le gyrophare et le deux tons ont été utilisés pour écarter les voitures. Malheureusement, le choc aurait eu lieu alors qu'il était en train de se rabattre. »
Les interventions des ambulances se divisent en deux catégories : les courses classiques d'un côté et les urgences de l'autre. Samedi, c'est le second cas qui s'est présenté dans la mesure où le patient de Sare devait être conduit rapidement dans un hôpital ou une clinique pour des examens. L'ambulance étant réquisitionnée par la préfecture (1), dans le cadre de l'aide médicale d'urgence, le véhicule pouvait donc utiliser le gyrophare et le deux tons.
« Le véhicule était prioritaire, com-me le sont les voitures de pompiers ou du Samu, car c'est ce dernier service qui a fait appel à l'ambulance privée. C'est la loi qui le dit (décret du 10 mai 2007) », confirment d'une même voix deux responsables syndicaux du département, Alain Lacorre (Syndicat des ambulanciers agréés) et Jean-Martin Etcheverry (Union syndicale des ambulanciers). Ils précisent quand même : « Ceci étant posé, les conducteurs doivent toujours faire preuve de prudence et maîtriser leur véhicule. De toute façon, l'enquête déterminera les responsabilités de chacun. »
Une chose est certaine : le conducteur est titulaire d'un diplôme d'auxiliaire ambulancier (3 ans de formation). A 22 ans, il ne pouvait pas avoir l'expérience de ses aînés, mais il était solidement formé. Reste à savoir pourquoi il a décidé de rejoindre Sare par le col de Saint-Ignace, très fréquenté le week-end. « C'est plus rapide que par la vallée », répond son employeur.
100 000 km par an
Critiqués par de nombreux internautes, les ambulanciers ont voulu défendre leur profession, tout en comprenant la douleur de la famille de la victime. « J'espère que ce triste fait divers servira d'électrochoc. Car il y a un vrai problème avec les tours de garde mis en place par la préfecture. Et beaucoup d'automobilistes pensent encore que les ambulances privées abusent du gyrophare alors que nous l'utilisons dans des situations d'urgence », commente un professionnel luzien.
Le représentant syndical Alain Lacorre tient quand même à rappeler que ces accidents sont rarissimes : « C'est la première fois en 25 ans de carrière que je vois une ambulance impliquée dans un accident mortel au Pays basque. J'ai été catastrophé en apprenant la nouvelle. Pour la famille de la victime et pour le conducteur, qui va avoir certainement du mal à s'en remettre. » Plusieurs ambulanciers ont déjà perdu la vie au volant de leur véhicule dans l'exercice de leur fonction par contre. « Mais ça me semble logique. Nous parcourons en moyenne 100 000 kilomètres par an. Les risques sont décuplés. »
(1) Les ambulances privées doivent assurer un tour de garde pour épauler les pompiers ou le Samu.
http://www.sudouest.fr/2012/07/25/cycliste-fauchee-au-pays-basque-les-ambulanciers-montent-au-creneau-778891-4383.php
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