Angélique ou Sébastien ? La mère ou le père ? L'un des deux est nécessairement le coupable du décès de la petite Louna, un mois. Hier soir, après trois jours d'un éprouvant procès et près de 5 heures de délibérations, la cour a estimé qu'Angélique n'était pas responsable de la mort de sa fille.
LOUNA, un mois, est morte dans d'atroces souffrances… Un traumatisme crânien sévère dû à un coup d'une extrême violence. Seuls son père ou sa mère ont pu commettre l'irréparable. « Pour elle, vous lui devez la vérité. »
Hier, au dernier jour du procès de la mère de l'enfant, seule renvoyée devant la cour d'assises, alors qu'elle a toujours soutenu que c'était son conjoint le responsable, la vérité est loin d'avoir éclaté au grand jour. Activement recherché pour venir témoigner, Sébastien, qui a bénéficié d'un non-lieu dans cette affaire, n'a pu être localisé. Angélique, elle, n'a pas varié d'un iota dans sa version des faits… Elle a toujours protesté de son innocence.
C'est donc une alternative détestable qui s'est présentée aux jurés. Si ce n'est pas elle, c'est donc lui. Pour autant, il a bénéficié d'un non-lieu dans cette affaire. Relaxer Angélique, c'est être convaincu de la culpabilité du père… et vice-versa. Lequel des deux parents a pu ainsi réagir ? Après presque 5 heures de délibéré, alors que l'avocat général avait requis 11 ans d'emprisonnement, la cour a estimé qu'Angélique ne pouvait être à l'origine du décès de sa fille.
Ses avocats, Me Cécile Régnier et Me Guy Marteau, n'ont d'ailleurs jamais cru en l'innocence du père de Louna, dénonçant une « instruction à charge ».
« Son conjoint, mis en examen tout au long de la procédure, a bénéficié d'un non-lieu… et je dirai, contre toute attente », a dénoncé Me Régnier. « Le juge a estimé que les accusations de celle-ci ne suffisaient pas. Dans ce dossier, on a renversé la charge de la preuve et ce en dépit de ce qu'elle a toujours dit. »
Aux jurés, elle n'a pas manqué d'expliquer que les choses pouvaient encore changer. « Ne vous y trompez pas, le dossier peut être rouvert dans le cadre d'éléments nouveaux. L'absence du père de Louna pose question. La juger coupable parce qu'elle est seule sur le banc des accusés, ce serait oublier de juger. Le doute doit lui profiter. C'est la preuve absolue qui doit être rapportée. Or, la preuve de sa culpabilité n'a pas été apportée. Elle a toujours crié son innocence, mais on est parti du postulat qu'elle était coupable. On s'est attaché à reprendre ses contradictions lors de ses auditions et on a balayé d'un revers de la main les incohérences de son conjoint. Pour moi la justice, c'est pas à pile ou face ! »
« La justice, c'est pas à pile ou face »
Et l'avocate de mettre en exergue les contradictions du père. « Il est l'inverse d'Angélique. Il est feignant. Il est menteur… C'est un peu le leitmotiv de ce dossier. Il est violent. Les faits ont été constatés. Faire un trou béant dans une porte d'appartement, se retrouver à l'hôpital, ce n'est pas anodin ! Ça démontre une impulsivité. C'est inquiétant. L'expert le dit « c'est un manipulateur pervers de l'interlocuteur ». Il est qualifié « d'anguille ». Il a une personnalité tellement lisse, que ça finit par poser question. Elle était tellement dans la crainte qu'elle était dans l'impossibilité de dénoncer son compagnon. Il y a véritablement une stratégie mise en place par son compagnon. Il s'adapte au fil des auditions de sa compagne. Son objectif est de dire que travaillant il ne pouvait pas être là au moment des faits. Il a varié sur ses horaires tout au long de la procédure. On a eu tout et son contraire… Il était là, il n'était plus là… »
Autres contradictions relevées par son conseil : « Il n'est pas venu voir son propre enfant qui est à l'hôpital ! Il dit avoir reconnu son enfant, alors que c'est un mensonge… Il se moque de la justice. Il ment sur sa consommation d'alcool. C'est un manipulateur et un stratège… On ne doit pas faire d'Angélique la coupable idéale parce qu'elle est seule renvoyée devant la cour ».
Une position appuyée par Me Guy Marteau, son autre conseil. « On n'a pas fait ce qu'on devait faire dans ce dossier. » Et de demander à la cour de « renverser ce dossier comme il aurait dû être. Tout le monde dit qu'il est menteur, sa famille, ses collègues, ses employeurs, mais c'est sans importance. Tout le monde reconnaît sa violence, son impulsivité, mais ça aussi c'est sans importance. Tout est à charge contre elle, alors que c'est lui qui devrait être là. Réfléchissez bien, c'est sa vie à elle qui est en jeu. Elle a le droit à une justice… Elle, ce n'est pas une menteuse. Elle est parfaitement fiable dans son témoignage. Tout démontre qu'elle n'est pas en capacité de transformer les choses. Quant à l'ADN, ça m'interpelle. Il dit se servir régulièrement de la clé et on ne retrouve pas son ADN à lui ? Je dis que la clé a été nettoyée… On n'a pas été au fond de la recherche dans ce dossier. La justice mérite qu'on réveille les choses ».
Angélique a bénéficié d'un acquittement… Hier soir, elle s'est effondrée dans les bras de ses avocats. Reste à savoir si le parquet va faire appel du jugement ou rouvrir la procédure.
http://www.lunion.presse.fr/article/marne/infanticide-la-mere-acquittee
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