jeudi 20 septembre 2012

Landes : au tribunal pour avoir voté deux fois au premier tour de la présidentielle

« J'aimerai rencontrer des prévenus comme celui-ci plus souvent… » La sortie entendue hier soir dans la salle d'audience correctionnelle du tribunal de Mont-de-Marsan était assumée par la substitut du procureur de la République, Céline Courtois. Face à elle, un homme « abattu », rongé par les « regrets ». Son tort ? Avoir déposé des bulletins de vote dans deux bureaux différents à l'occasion du premier tour de l'élection présidentielle, à Biscarrosse, par procuration, et à Villers-lès-Nancy, en Meurthe-et-Moselle, en personne cette fois.
Rien n'avait été prémédité. Le retraité du secteur bancaire qui s'était fraîchement installé dans les Landes avait accompli toutes ses démarches. Assurément plus consciencieux que l'immense majorité de ses concitoyens, il avait même pris le soin d'avertir son ancienne municipalité qu'il quittait son domicile.

Que s'était-il donc passé le 22 avril dernier ? De retour en Meurthe-et-Moselle pour des raisons familiales, le père de famille a découvert contre toute attente qu'il était encore titulaire d'une carte d'électeur dans son ancien bureau d'affiliation. Entre « stupeur » et « interrogations », celui qui avait fait procuration en bonne et due forme à Biscarrosse est également allé glisser une intention de vote dans l'urne de son ancien bureau de vote.
« Je regrette tous les jours depuis six mois de ne pas avoir remis cette carte dans un placard », confesse-t-il aux juges. Sa bonne foi ne fait l'ombre d'aucun doute et son repenti réel et insistant touche juste. Le président Francis Bobille tente d'apaiser sa douleur : « Respirez… » Le prévenu n'y arrive pas. Et il insiste : « Je tiens également à présenter mes excuses à MM. les maires respectifs des deux communes ainsi qu'au préfet de Meurthe-et-Moselle. »
Francis Bobille rempile. « Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de se rendre malade pour ça », estime-t-il, en rappelant que le préfet lui-même avait décidé de ne pas porter l'affaire devant la justice. Il n'y a rien à faire. L'homme a peur d'être jugé et surtout mal jugé. Il s'excuse, encore et encore…
Parce que l'infraction est constituée et que derrière cet agissement sans conséquence, c'est le respect de la démocratie qui est en jeu, le ministère public réclame une peine amende de l'ordre de 250 euros. L'avocate montoise de la défense, Me Céline Lartigau, rappelle simplement aux juges que si son client est présent aujourd'hui, c'est uniquement parce qu'il s'est dénoncé. Elle plaide même la relaxe.
Le tribunal a choisi de retenir sa culpabilité mais de le dispenser de peine.
http://www.sudouest.fr/2012/09/19/face-aux-juges-pour-avoir-vote-deux-fois-825039-3307.php

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