Des peines de dix et de neuf ans ont été prononcées hier par la cour d'assises des mineurs de l'Aisne. L'avocate générale avait requis une peine de 25 ans pour l'un des accusés. Le troisième complice a été acquitté.
L'HISTOIRE restera dans les annales des chroniques sanglantes de la cour d'assises des mineurs de l'Aisne comme un sommet de l'agression stupide.
Pendant quatre jours, jusqu'à hier, trois jeunes ont été jugés à huis clos pour des faits gravissimes provoquant l'incrédulité et l'effroi.
Deux accusés emprisonnés, âgés respectivement de 21 et 20 ans, étaient poursuivis pour acte de barbarie ayant provoqué la mort sans l'avoir voulue à Nauroy en juin 2009. Le troisième complice, 19 ans, laissé en liberté, devait répondre de non-assistance à personne en danger.
Lourdes peines requises
Le drame s'est déroulé dans une ambiance de consommation prononcée d'alcool et de désœuvrement. L'ennui est chassé par la violence à l'égard d'un homme particulièrement vulnérable vivant seul. Il devient vite une cible pour ses agresseurs qui ne lui vouent d'ailleurs aucune haine. La monotonie des jours qui passent pour eux sans but est plus forte que tout. Il faut s'occuper.
Un balai est enfoncé dans le corps de l'homme, en plus d'un autre objet. Le jeu s'achève par des souffrances et le décès de Didier Artur, âgé de 46 ans. « C'est un crime ignoble sans mobile et dont les raisons sont une grosse farce », s'indigne Me Vignon, avocat de la famille de la victime.
Ce n'est que le lendemain que les agresseurs s'inquiètent de ne pas voir leur voisin. Ils appellent les secours et l'enquête commence. La traque dure huit mois pour les gendarmes. La clé de l'énigme se trouve tout près en étudiant l'environnement du disparu.
L'avocate générale requiert des peines de vingt-cinq ans, de vingt ans et de deux ans de prison avec sursis.
Un tarif rarement pratiqué devant la cour d'assises de l'Aisne. Surtout pour des personnes quelquefois mineures au moment des faits. Inévitablement, c'est la colère et l'incompréhension qui s'expriment chez les avocats de la défense. « C'est totalement disproportionné compte tenu de l'âge et de la déficience mentale de mon client », estime Me Laurent.
« C'est n'importe quoi », tempête Me Miel, avocat de Jean-François Bricout, 20 ans. Ce dernier, visé par la menace de 25 ans derrière les barreaux, a été condamné à dix ans d'emprisonnement pour torture, violence mortelle et viol sur personne vulnérable. Johnny Betry, 21 ans, défendu par Me Laurent, a été condamné pour torture et violence mortelle à neuf ans.
Le troisième complice, poursuivi pour non-assistance à personne en danger est complètement innocenté. Son avocate, Me Gilbert-Carlier, a été entendue en plaidant la relaxe. « Rien ne peut être reproché à mon client », assène-t-elle. L'avocate générale, représentant la société, risque bien de se souvenir longtemps de cette affaire. La cour d'assises a rejeté toutes ses analyses en prononçant des peines lourdes mais sans rapport avec ses souhaits.
http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/actes-de-barbarie-a-nauroy-lavocate-generale-desavouee
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