mardi 9 octobre 2012

Assises: percuté à Nice, un policier a vu "la mort de près"

Pour stopper la voiture venant de le charger sur le capot, ce commandant n’a eu «d’autre choix que de tirer»

Ce 15 janvier 2010, j'aurais pu mourir. J'ai eu beaucoup de chance ». Devant la cour d'assises des Alpes-Maritimes, le commandant Hervé Meister relate l'arrestation sanglante, à bord d'une Golf volée, de quatre présumés agresseurs à domicile. Il raconte, la voix nouée, comment il fut « délibérément percuté » par un bolide de 250 CV piloté par l'accusé Marc Sauzer. « Je n'étais pas dans l'axe du véhicule. Le chauffeur, qui avait la place pour s'enfuir, a braqué à gauche pour me charger sur le capot. J'ai compris que cela allait très mal se terminer. Heureusement, j'avais toujours mon fusil d'assaut, sanglé autour du cou. J'ai tiré à deux reprises sur le chauffeur » (qui fut grièvement blessé au niveau du thorax). Je n'avais pas d'autre choix ». Hospitalisé avec divers traumatismes, le fonctionnaire de la Brigade de recherches et d'intervention conserve des séquelles aux cervicales et à l'épaule. « Marc Sauzer ne vous a rien cassé ? » glisse Me Jean-Louis Keita. « Vous le regrettez maître ? ». Conscient d'avoir peut-être heurté les jurés, l'avocat dira ultérieurement « son admiration » pour le travail de la BRI. Le brigadier-chef Arnaud Gosse a également tiré après «avoir été coincé par la Golf au niveau des jambes contre sa voiture de service ». C'était la première fois que ces deux fonctionnaires utilisaient leurs armes. À bon escient, comme l'ont estimé enquêteurs et juge d'instruction ?

Une « brebis parmi les loups »

« Tout çà, c'est n'importe quoi » répond Marc Sauzer, en ouvrant sa chemise pour montrer ses cicatrices. En liberté conditionnelle au moment des faits, il dénonce avec véhémence un « guet-apens » policier, une « tentative d'assassinat », un « cinéma pour justifier les tirs de la BRI ». À l'en croire, il n'a jamais percuté les policiers ni leurs voitures. Il se serait fait « tirer dessus »avant de prendre des coups de crosse et de pied. « Je suis une brebis parmi les loups » répète le repris de justice sous le regard accablé de ses défenseurs.« Les loups »reprend l'avocat de la partie civile, Me Julien Salomon « ce ne sont pas, bien sûr, ceux qui vous entourent dans le box ? » « Non, mais les policiers ». Un murmure parcourt la salle...

Réquisitoire ce matin

Passager de la Golf, Tony Michelet parle également de guet-apens. Plus nuancé, Patrick Boulahouache veut croire « à l'accident plutôt qu'à la tentative de meurtre ». Quant à Rocheteau Meinhard, atteint de trois impacts, « il n'a pas vu grand-chose », pressé de « baisser la tête » pour se protéger. Les jurés retiendront-ils contre Sauzer la tentative d'homicides volontaires, à moins qu'ils n'optent pour des violences volontaires avec arme (la voiture constituant une arme par destination) ? Par ailleurs condamneront-ils Michelet et Stéphane Borghesi pour des agressions à domicile qu'ils nient ? L'avocat général Philippe Vique prononcera ce matin son réquisitoire. Le verdict est attendu ce soir tard ou plus vraisemblablement demain.

http://www.nicematin.com/nice/assises-percute-a-nice-un-policier-a-vu-la-mort-de-pres.1013895.html

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