mercredi 3 octobre 2012

Meurtre à Saint-Quentin : la défense sème le doute

Le verdict est attendu aujourd'hui pour le meurtre de Dominique Hurrier à Saint-Quentin dans la soirée du 25 octobre 2009. Une bouteille, tenue par la victime, laisse la place à des interprétations contradictoires.
Quand les policiers pénètrent, le 26 octobre 2009, au n°120 de la rue Félix-de-Pardieu, à Saint-Quentin, un corps inerte est allongé dans la cuisine d'une petite maison. Il comporte douze plaies.
La tête gît dans une mare de sang. Deux lames de couteau, aux manches brisées, sont fichées dans le ventre de Dominique Hurrier, âgé de 47 ans.
L'une d'elles est enfoncée de seize centimètres dans une vertèbre.
Mais c'est surtout la présence d'un objet d'apparence banal qui intrigue les enquêteurs. Avant le verdict attendu dans la soirée d'aujourd'hui, il prend une importance capitale. C'est une cannette de bière en verre tenue fermement par la victime dans la main droite. Même dans la mort.
Pour la partie civile, c'est la preuve que Dominique Hurrier n'a jamais menacé son meurtrier présumé, José Gil Da Costa. La bouteille est même le signe, pour elle, qu'il a été agressé par l'accusé, en étant tranquillement assis. Mais Me Antonini, avocat de la défense, sème le doute. « Si la victime reçoit une raclée, la cannette se casse », avance t-il.
Or, aucune brisure n'est relevée sur ce récipient.
Quand l'accusé fait la foire
Deux chaises renversées indiquent bien une rixe, peut-être achevée par de longs appels au secours de la victime, insistent les avocats de la partie civile, Me Laurent et Me Vignon. Ils disposent d'un atout pour les conforter : des témoins se souviennent avoir entendu des chocs répétés. C'est là encore que la bouteille réapparaît.
Me Vignon et Me Laurent pensent que c'est bien elle qui a été heurtée par la victime sur le plancher. Longuement. Avant que la vie ne s'enfuie vers 19 h 30 au terme d'une longue agonie solitaire. « La souffrance a été forte et prolongée », estime le légiste. Il pense que Dominique Hurrier aurait pu être sauvé.
A ce moment, José Gil Da Costa est parti s'amuser à la foire Saint-Denis de Saint-Quentin. Un ami l'a vu exercer sa force sur le punching-ball d'un manège. Mais il faut se méfier des apparences.
L'œil goguenard, Me Antonini évoque une nouvelle fois la fameuse bouteille pour broyer des certitudes. Il relève que la cannette est décrite sans étiquette par la police technique et scientifique. Une photo indique pourtant le contraire. « En étant de bonne foi, les enquêteurs peuvent se tromper » jubile l'avocat de la défense. Si un tel document officiel n'est pas scellé de certitude, que penser de toutes les autres pièces ? Elles peuvent, selon lui, s'effondrer. Me Laurent, avocat de la famille de la victime, n'est pas du tout convaincu. Il observe : « Il y a les traces ADN de l'accusé sur les manches de couteaux et ses aveux. Ce sont des preuves incontestables. »
En attendant, il appartient aux jurés de sonder cette curieuse histoire de bouteille et décider ainsi du sort d'un accusé, ancien alcoolique, qui ne veut plus trinquer.

http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/meurtre-a-saint-quentin-la-defense-seme-le-doute

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