C'est la scène d'un mauvais téléfilm qui s'est jouée au soir du 1er octobre au pied d'une résidence d'Ondres. Vers 22 heures, quatre jeunes, dont un mineur, frappent à la porte d'un voisin. Munis d'un marteau, d'un pistolet à billes et d'une bombe lacrymogène, ils viennent avoir « une conversation d'hommes ». Motif de cette visite pas vraiment de courtoisie : ce père de trois enfants aurait « percuté » l'un d'eux une heure auparavant, alors qu'il se trouvait à bord de la voiture de son beau-frère.
Entre cette famille et ce jeune voisin, le torchon brûle en fait depuis le début du mois d'août et un vol de vélos qui sera jugé le 29 novembre. Mais ce 1er octobre, la situation dégénère au point que les trois visiteurs du soir, âgés de 18 ans, étaient convoqués hier en comparution immédiate pour violences volontaires aggravées par trois circonstances : les armes, la réunion et la préméditation avec peut-être à la clef dix ans de prison.
Avec ou sans barre de fer ?
Parties civiles, le père de famille agressé, sa fille aînée et un des voisins venus à leur rescousse ont raconté comment ils avaient reçu qui des coups de marteau, de poing et des rasades de gaz lacrymogène. Le tout sous les yeux de leur épouse et mère, et d'habitants de la résidence. À leur tour, les trois jeunes prévenus ont donné leur version. Un seul des trois habite Ondres. Il était accompagné de son cousin et d'un ami, tous deux domiciliés en région parisienne, « en vacances » chez lui depuis août. Selon eux, c'est le père de famille qui se serait « jeté » sur l'un d'eux et en aurait frappé un autre avec « une barre de fer ». Arme dont ils sont les seuls à avoir parlé dans les dépositions. « C'est normal que j'ai gazé. Tout le monde était sur moi. Si j'ai gazé des personnes sans faire exprès, ce n'est pas de ma faute », s'est maladroitement défendu le prévenu armé de la bombe.
Une attitude qu'a très peu goûtée la procureur de la République Frédérique Loubet-Porterie, qui emploiera la même expression que Me Tugas, avocat du foyer agressé, pour décrire « une expédition punitive ». « Ils se présentent comme des victimes ! Vous poussez comme de mauvaises graines et je crains pour votre avenir si vous n'arrivez pas à comprendre que votre comportement a été inadapté. »
« Si on part du principe qu'ils sont prototypés pour être des voyous, il n'y a plus rien à dire », s'est insurgé Me Soulem pour la défense. Si c'étaient des violents, la victime serait déjà au cimetière. On n'est pas à Échirolles ! »
Le tribunal a condamné les trois jeunes à quatre mois de prison avec maintien en détention. Une expertise médicale a été ordonnée pour le père, sa fille et son fils. Le trio devra leur verser 600 euros pour les frais de défense et 300 euros de dommages et intérêts au voisin. Les intérêts civils seront examinés le 4 février.
http://www.sudouest.fr/2012/10/09/expedition-punitive-quatre-mois-ferme-844317-3350.php
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