Que s'est-il passé dans les locaux du commissariat, mercredi ? Un homme de nationalité étrangère, âgé de 25 ans, a déposé plainte à la gendarmerie, certificat médical à l'appui. Ce 21 novembre, vers 15 h 30 alors qu'il conduit, il se fait contrôler par la police, rue des Minimes à Laon. Il a acheté sa voiture, il y a deux jours et comme justificatif d'assurance, il ne peut présenter qu'un fax. Le ton monte, premières insultes des policiers, selon le plaignant. « Je parle mal le français et j'ai un fort accent. De suite, ils m'ont demandé ce que je faisais dans leur pays et de rentrer chez moi. » Il est ramené au commissariat pour vérification.
Toujours selon ce Laonnois, les insultes raciales fusent encore. À plusieurs reprises, il est tenu à la gorge et projeté contre un mur. Il aurait reçu aussi un coup de poing derrière la tempe. Il n'est pas placé en garde à vue, n'aurait pas été entendu sous audition libre. Il reste deux heures à essuyer, toujours d'après lui, brimades et insultes avant d'avoir l'autorisation de partir. « Ils m'ont cassé mon portable, ont gardé mon permis, confisqué ma voiture. »
Il sort tremblant, en larmes, sa compagne le conduit à l'hôpital. « Petite ecchymose latérocervicale gauche et contusion en occipital droit, légère céphalée compatible avec l'agression décrite », énumère le médecin dans son certificat. Le lendemain, la gendarmerie prend sa plainte. Une longue audition de plusieurs pages très détaillée. Après en avoir pris connaissance, hier, Olivier Hussenet, le procureur de la République a décidé « de procéder à une enquête. » C'est ce qu'attendait l'avocat du Laonnois, Me Bouchaillou. L'avocat espérait que l'enquête soit confiée aux gendarmes. Il n'en est rien. « Ce n'est évidemment pas le commissariat de Laon qui va s'en charger mais une unité hiérarchiquement supérieure », a indiqué Olivier Hussenet.
Ce n'est pas rare d'écrire au procureur pour se plaindre de violences policières, mais dans ce dossier, « la plainte paraît motivée. Il y a des vérifications et des investigations à mener au vu des déclarations de ce monsieur. Il ne dénonce pas que des violences mais également des insultes et des humiliations, et ça ne me plaît pas. Je me demande toujours quel intérêt motive la personne. En général, on lui reproche des infractions, des délits. Mais là, je ne vois pas. Il n'a pas été arrêté ivre, pas de refus d'obtempérer, le contrôle s'est passé sans problème. Je n'ai toujours pas été appelé par les policiers pour des poursuites sur ce monsieur. Tout est possible. Je n'ai pas d'opinion. »
Hier soir, le commissaire divisionnaire Benoît Desferet, directeur départemental de la sécurité publique de l'Aisne, se refusait à tout commentaire sur les faits. Il indiquait que, conformément à la demande du parquet, il allait saisir la sûreté départementale, basée à Saint-Quentin, pour mener l'enquête.
http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/suspicions-de-violences-policieres-et-dinjures-raciales
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