jeudi 13 décembre 2012

Mariela, 9 ans, isolée avec ses parents face à la maladie

Une petite fille de 9 ans, soignée à Albi pour un cancer, vit recluse à Cantepau en attendant que la préfecture et la Caf lui accordent l'aide à laquelle elle a droit.
Derrière le prénom, inscrit sur les banderoles brandies vendredi dernier devant le siège de la CAF par les membres du réseau éducation sans frontières, il y a une petite fille de bientôt 9 ans. Elle s'appelle Mariela et vit depuis un an à Albi, avec sa maman, Stefanka et son papa Ilian. La famille est hébergée par Baba, grand mère maternelle de Mariela, dans un appartement de Cantepau, confortable mais trop petit pour que Mariela puisse avoir sa chambre.
Parce que dans l'hôpital de leur ville d'origine, à 450 km de Sofia en Bulgarie, il n'y avait pas de place pour Mariela, pourtant gravement malade, Stefanka et Ilian n'avaient qu'une solution pour sauver leur enfant, rejoindre Baba à Albi. Dès qu'ils sont arrivés, en décembre 2011, Mariela a été prise en charge à l'hôpital, d'abord à Albi puis à Toulouse. Le diagnostic est très lourd ; un cancer touchant poumons et reins. Un an après, avec la chimiothérapie, Mariela va beaucoup mieux et la famille envisage avec espoir une greffe de rein. «Si on était resté en Bulgarie, elle serait morte» traduit la sœur de Stefanka, qui vit à Albi depuis 5 ans et a commencé à apprendre le français. Les parents de Mariela ne parlent pas français et chaque fois qu'Ilian, peintre en bâtiment, s'est présenté pour un travail, on lui a fait comprendre que sans la langue ni titre de séjour, il n'avait aucune chance.
Au visage soucieux d'Ilian, on comprend que pour ce père de famille, rester enfermé au lieu de travailler pour faire vivre sa famille est source de souffrance et de colère. Stefanka s'occupe à plein-temps de sa petite fille, l'accompagnant chaque semaine pour ses séances à l'hôpital. Dans son joli jogging rose, Mariela écoute, parle peu, s'impatiente surtout, pressée d'aller chercher ses cousins à la sortie des classes. C'est sa seule occasion de voir des enfants de son âge et d'approcher cette école qui la fait rêver. La sonde qu'elle porte en permanence l'oblige à éviter tout risque de contamination et la prive de jeux de son âge. Elle n'a que la télévision pour passer le temps.

Besoin d'autre chose

«Elle aime regarder les magazines, les catalogues de jouets. Elle voudrait en avoir mais on lui dit qu'on ne peut rien acheter», confie sa tante. Les maigres ressources de Baba ne suffisent pas ; les restos du cœur fournissent la nourriture, le secours populaire et d'autres associations le minimum nécessaire pour le quotidien. «Elle a une grave maladie à soigner mais elle a aussi besoin d'autre chose, d'une assistance éducative et d'une stimulation intellectuelle», explique Dominique Granier, membre de RESF. La maison départementale du handicap a accordé à Mariela une allocation qui lui permettrait d'avoir de l'aide. Mais la CAF, parce que ses parents n'ont ni titre de séjour permanent ni ressources, refuse de verser cette allocation. La préfète, Josiane Chevalier, a autorisé la famille à rester tant que Mariela serait soignée ici. Une autorisation de survie, dans l'isolement, sans accès à l'éducation. Et dans les yeux de Mariela et sa maman, une tristesse absolue.
Les parents de Mariela doivent être reçus aujourd'hui par le directeur de la CAF du Tarn. Un espoir de solution auquel ils s'accrochent. En silence.

http://www.ladepeche.fr/article/2012/12/13/1513452-albi-mariela-9-ans-isolee-avec-ses-parents-face-a-la-maladie.html

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