mardi 22 janvier 2013

Lot-et-Garonne : sa banque la déclare décédée et bloque ses comptes

« Les rumeurs sur ma mort sont largement exagérées », plaisantait Mark Twain quand la presse annonça un jour prématurément son décès. Monique Fronty se montre beaucoup moins flegmatique que l'auteur mississippien. Depuis qu'elle est considérée comme morte par sa banque, la Livradaise, bien vivante mère de trois enfants, subit une situation kafkaïenne.
Compte, carte bancaire et prélèvements automatiques bloqués depuis bientôt un mois, la jeune femme a toutes les peines du monde à voir sa situation régularisée. La faute, semble-t-il, à une confusion commise au moment de la mort de son frère André, client de la même banque, survenue le 9 décembre dernier.

Condoléances à son petit ami
Le 11 décembre, la mère de famille, domiciliée à Sainte-Livrade, en Lot-et-Garonne, qui souffre d'une tachycardie pariétale, a eu le cœur qui s'est emballé quand elle a ouvert un courrier de la Banque populaire occitane, de son agence de Villeneuve-sur-Lot plus précisément, où elle détient son seul compte bancaire. La lettre qu'elle découvre alors lui annonce sa mort et par voie de conséquence le blocage de ses comptes. À toutes fins utiles, la banque indique qu'elle peut contacter son conseiller clientèle pour des informations complémentaires… « Je me suis dit que cette erreur allait être corrigée rapidement. Je ne me doutais pas de ce qui allait advenir… »
Entre-temps, en effet, les prélèvements automatiques ont été interrompus à cause de son présumé décès. Son agent d'assurances, qui connaît bien son compagnon, lui adresse d'ailleurs ses condoléances… L'effet domino se poursuit : le petit ami qui n'arrive pas joindre sa moitié finit par téléphoner à la mère de cette dernière, dont l'âge de 85 ans ne s'accommode que difficilement de ce type de nouvelles.
« Je venais de perdre mon frère. Ce n'était vraiment pas le moment… » Sauf qu'on ne choisit pas le moment où l'on meurt. Même pour une mort imaginaire. Toujours est-il que le contrat d'assurance, en revanche, ne survit pas au faux décès. Même si les prélèvements ont été rejetés, le courant passe encore avec EDF mais Monique Fronty vit avec la crainte d'être coupée si la situation se prolonge. « Sans électricité, je ne peux plus me chauffer ni puiser l'eau du puits », prévient-elle.
À ses demandes d'explication d'un tel dysfonctionnement, la banque se montre floue, selon Monique Fronty. « On m'a d'abord dit qu'il y avait eu une confusion suite à la mort de mon frère, également client de cette banque, mais à Toulouse. Puis, il y a quelque temps, on m'a parlé d'une erreur de saisie informatique. »
Malgré les courriers adressés à la banque contenant son extrait de naissance ainsi que l'avis de décès de son frère, la situation de Monique Fronty n'est toujours pas régularisée. « Je suis impuissante. J'ai l'impression qu'on me promène. C'est le pot de terre contre le pot de fer, déplore-t-elle, incrédule. Je suis bien vivante, pourtant… »
Aucun geste commercial
Privée du moindre moyen de paiement à la veille de Noël, la jeune femme a pu bénéficier de « la grande générosité » de sa famille afin qu'elle et ses enfants passent des fêtes dans de bonnes conditions. Samedi dernier, son conseiller de clientèle lui a assuré qu'un terme devrait être incessamment mis à cette situation. Mais la pilule passe difficilement, d'autant que la banque ne se montrerait pas prête au moindre geste commercial. « Elle refuse de couvrir les frais d'ouverture de dossier pour l'assurance et les frais du rejet de prélèvement d'EDF. Ce n'est peut-être pas grand-chose, mais quand on est seule avec trois enfants… Et c'est une question de principe : je ne suis pas responsable de cette situation. Quand on commet une erreur, il est bien de l'assumer. »
Monique Fronty a contacté un avocat et n'écarte pas l'idée d'une action en justice si les choses ne rentrent pas rapidement dans l'ordre. Joint au téléphone, le service de communication de la Banque populaire occitane promettait de se renseigner sur la situation de la Livradaise. Hier, l'agence de Villeneuve-sur-Lot était fermée. Quoi qu'il en soit, l'affaire devrait tourner au règlement de comptes.

http://www.sudouest.fr/2013/01/22/donnee-pour-morte-par-sa-banque-942110-7.php

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