mercredi 23 janvier 2013

Un pharmacien vitryat devant la justice

Alain Bukwa comparaît aujourd'hui devant le tribunal correctionnel de Châlons. Il est soupçonné d'avoir délivré des médicaments vétérinaires sans ordonnances de 2006 à 2009 dans le milieu hippique.
L'ENQUÊTE menée par la brigade territoriale de Vitry-le-François aura duré près de cinq ans. De septembre 2007 jusqu'en 2012. Une longueur qui s'explique par la complexité des faits, mais aussi par le fait que la législation a connu plusieurs modifications ces dernières années.
Alain Bukwa, un pharmacien de 58 ans exerçant à Vitry-le-François, est soupçonné d'avoir, de juin 2006 à janvier 2009, délivré des médicaments vétérinaires sans prescription d'un médecin animalier.
La justice lui reproche également d'avoir sollicité des commandes de médicaments et d'en avoir satisfait auprès d'éleveurs, d'entraîneurs et de clubs hippiques basés principalement en région parisienne.

Dénoncé par un confrère
Dans ces commandes, figureraient des éléments inscrits sur la liste des produits dopants, comme le ventipulmin dont l'utilisation est strictement encadrée. Des pratiques qui, si elles étaient avérées, poseraient un problème de traçabilité.
Selon des éléments de l'enquête, il arrivait qu'Alain Bukwa se charge lui-même des livraisons. Cette activité vétérinaire ne représenterait que « 4 à 5 % de son chiffre d'affaires total ».
Les premières dénonciations de ces faits remontent à 2006. Elles ont été l'œuvre d'un autre pharmacien de la cité rose, qui avait alerté le parquet, le conseil de l'ordre des pharmaciens, celui des vétérinaires, mais aussi divers services de l'État comme la direction des services vétérinaires.
Trois ans plus tard, en avril 2009, Alain Bukwa a dû répondre une première fois de ces accusations devant la chambre de discipline du conseil régional de l'ordre des pharmaciens.

Placé en garde à vue en 2010
Pour sa défense, il avait alors invoqué des difficultés engendrées par la réglementation inadaptée du médicament vétérinaire.
Il sera tout de même sanctionné d'une interdiction d'exercer durant six mois. Après avoir fait appel, il sera convoqué cette fois-ci par la chambre de discipline du conseil national de l'ordre des pharmaciens qui l'acquittera en juin 2010, considérant que les « faits reprochés ne pouvaient pas être regardés comme établis ».
Cela n'a pas empêché la poursuite de l'enquête judiciaire menée par les gendarmes vitryats, assistés par des « techniciens » de la direction des services vétérinaires. Les enquêteurs ont ainsi entendu le pharmacien à l'origine des dénonciations, une ancienne salariée de l'officine de M. Bukwa, des fournisseurs, des vétérinaires et des clients.
Parmi les acheteurs, plusieurs ont confirmé lors de leur audition se faire délivrer des médicaments sans présentation d'une ordonnance.
Les locaux de la pharmacie ont été perquisitionnés. Alain Bukwa a même été entendu sous le régime de la garde à vue en septembre 2010. À la veille de son procès, il nie toujours les faits et considère ne pas avoir « mis en danger la santé publique ».
Il risque toutefois la fermeture, temporaire ou définitive, de son officine, deux ans d'emprisonnement, et 30 000 euros d'amende. Pour se défendre lors de l'audience correctionnelle de cet après-midi, il s'est adjoint les services d'une célébrité du barreau de Paris, François Honnorat, avocat des victimes du Médiator.


http://www.lunion.presse.fr/article/marne/un-pharmacien-vitryat-devant-la-justice

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