Il a suffi d'un chevreuil surgi de nulle part et d'un « mauvais réflexe » pour que le président de la société de chasse d'Auvillers-les-Forges se fasse pincer pour braconnage. Et pour cause : les fédéraux s'étaient planqués à quelques mètres…
LE mauvais tir, au mauvais endroit, au mauvais moment. Ainsi peut se résumer l'énorme « boulette » commise par André Cherpin, 66 ans, président de la société de chasse en plaine d'Auvillers-les-Forges, décrit par beaucoup comme « un bon gars », « pas du tout le mauvais diable », mais qui a « fait la connerie de sa vie ». Et qui la paie plein pot.
La scène s'est déroulée sous le soleil de l'été indien, peu après l'ouverture de la chasse, fin septembre. Ce jour-là, dans la plaine de Thiérache, le président a sorti le fusil et le petit plomb pour chasser le petit gibier. Comme le droit l'y autorise, du reste, puisque pour la campagne 2012-2013, ont été attribués, à la société, quatorze bracelets « lièvres », treize bracelets « perdrix », etc.
Sauf que…
Or, voici qu'un chevreuil passe par surprise près de lui. Belle bête. Bien sûr, le chasseur devrait faire comme si de rien n'était et passer son chemin. Mais c'est plus fort que lui. Un si beau chevreuil… Le président de la société glisse une cartouche dans son arme, vise, tire et abat le cervidé.
Ce qu'il ne savait pas à ce moment-là - mais il l'a très vite su… -, c'est que deux gardes de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) étaient en planque tout près de là, et observaient la scène à l'aide de jumelles. Et ce qui devait arriver arriva : jugeant que le chasseur n'avait pas pu confondre un chevreuil avec un pigeon, sauf à avoir de gros problèmes de vue, les deux agents de la brigade Nord de l'office lui ont mis le grappin dessus.
Pris en flagrant délit pour un acte de braconnage notoire, le braco d'un jour s'est vite douté que les choses iraient mal pour lui. Et ça n'a pas loupé : permis de chasse retiré et dépôt d'une plainte au tribunal (l'affaire devrait être jugée dans les prochains mois). Sans oublier la honte de devoir avouer sa faute à tous les membres de la société de chasse, dont il a dû démissionner.
Parmi les différentes personnes interrogées, beaucoup se disent peinés pour André Cherpin, dit « Pollux ».
Cet ancien pompier volontaire, chef de corps à la caserne d'Auvillers, bien connu au village pour avoir été, des années, mécanicien au garage local, est vu comme « un type simple et sympa », « sérieux à la chasse ». Mais chacun sait aussi qu'il a fait là « une grosse bêtise ». Qu'il a agi par une sorte de « réflexe instinctif ». Qu'en l'absence de toute autorisation et de tout plan de chasse, il n'aurait jamais dû tirer à balle sur un grand gibier.
« Je vais me faire mon petit chevreuil »
« C'est une erreur de gamin, le sale coup qu'il ne faut surtout pas faire, lance un chasseur du village. Ou alors sans se faire prendre… Là, il a pris la mauvaise décision. Il s'est dit "Je vais me faire mon petit chevreuil à moi". Et puis il faut reconnaître qu'il a vraiment pas eu de bol ! »
Des agents de l'ONCFS ne cachent pas avoir eu un peu de veine. « On ne va pas dans certains coins au hasard, on suit des chasseurs qui sont très défavorablement connus… » Mais pas dans ce cas précis, où le chasseur semble à l'opposé du viandard compulsif et quasi-industriel, sillonnant la forêt à 3 heures du matin, tous phares allumés, pour dégommer de la biche et du cochon.
A Auvillers, l'occasion a fait le larron. Et ce dernier est désormais… marron.
Car au vu de ses responsabilités associatives, les fédéraux ne peuvent que « marquer le coup ».
Interrogé lundi à ce sujet, Michel Hubert, président de la Fédération départementale de chasse, se montre lui aussi sévère : « Quand on est président de société, on a des devoirs et des responsabilités. On doit montrer l'exemple. S'il passe à la trappe parce qu'il a fait n'importe quoi, tant pis pour lui. »
http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/le-president-des-chasseurs-pris-en-flagrant-delit-de-braconnage
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