«C'était un cœur pur. Il était devenu hindouiste. Il était très attaché à la vie. » Dans sa maison de Masseilles, près de Grignols en Sud-Gironde, René Girard regarde la photo de son fils à la dérobée. Cet homme de 49 ans était installé depuis huit ans à Pokhara, au Népal. Le 30 décembre dernier, le père et le fils ont eu une conversation téléphonique. Ils ont évoqué son possible retour, dès que ses affaires seraient réalisées. Et, deux jours plus tard, les gendarmes et le maire de la commune, Madeleine Lapeyre, venaient toquer à la porte de René Girard. Et lui annoncer que Christophe avait été retrouvé dans sa chambre. Mort. Un sabre de plus de 50 cm à ses côtés. La police locale concluait à un suicide. Très vite, René Girard est contacté par Mireille Borne, consul de France au Népal. Et par le SRPJ de Montpellier, dernière adresse française connue de Christophe Girard.
« J'apprends que le sabre a été retrouvé près du corps. Que la porte de sa chambre était fermée de l'intérieur. Mais on peut très bien, avec une clé, fermer un verrou de l'extérieur. J'ai eu des doutes importants. J'ai donc fait une déposition qui a été transmise au parquet de Bordeaux. »
Sternum et cœur perforés
Quelques jours plus tard, il reçoit la copie d'un article du « Katmandou Post », où il est question de Christophe Girard. « Il est fait état des deux plaies importantes dans sa poitrine. Deux coups, c'est étonnant s'il s'agit d'un suicide. » Le rapport d'autopsie que le consul de France lui fait passer est tout aussi explicite. Christophe est mort de deux coups de sabre qui ont perforé le sternum et le cœur. « J'ai des amis médecins. Tous m'ont dit qu'on ne peut pas s'infliger soi-même de telles blessures. Le sternum est un os. Il faut une grande force pour le perforer. Et comment imaginer se le faire soi-même par deux fois ? L'autopsie précise aussi qu'il présente deux entailles de 4,5 et 3,5 cm de large chacune. On peut peut-être imaginer se blesser ainsi avec une pointe effilée mais avec un sabre de cette largeur… »
René Girard doute de plus en plus. « De l'avis de tous, quand quelqu'un veut se tuer avec un sabre, on le retrouve replié sur l'arme qu'il s'est enfoncée dans le corps… » Il dépose plainte pour assassinat, contre X, le dimanche 20 janvier. « J'ai contacté le parquet de Bordeaux le mardi et on m'a dit que le dossier serait transféré à Paris. J'ai attendu un peu puis j'ai appelé le parquet de Paris. Je suis tombé sur des gens particulièrement à l'écoute qui ont cherché partout mais mon dossier ne leur était pas parvenu. J'ai rappelé Bordeaux. Je n'ai toujours pas pu parler au magistrat chargé du dossier qui, en plus, devait revenir à la mi-février… En désespoir de cause, j'ai écrit à la ministre de la Justice mais je n'ai toujours pas de réponse. »
Retour en France programmé
René Girard n'en peut plus de cette situation. « Je ne demande pas la lune. Mais qu'une enquête sérieuse soit faite pour établir la cohérence des faits. » Suivant la volonté de son fils, son corps a été incinéré et ses cendres ont été remises à ses parents.
« Mon fils était professeur de yoga. C'était un homme gentil qui se faisait souvent avoir. Il avait aussi ouvert une boulangerie où il faisait du pain français. Et il louait une ghest-house, une maison d'hôte. Ces derniers temps, ses affaires ne marchaient pas très bien. Je l'avais convaincu qu'il était encore temps de changer d'orientation, de rebondir en France ou ailleurs. Il était d'accord. Il m'avait expliqué qu'il avait fait du commerce sur Internet et qu'il attendait une forte somme d'argent. Nous avions rendez-vous au téléphone le 7 janvier. Soit il avait touché son argent et il rentrait en France, soit je lui envoyais son billet d'avion… »
http://www.sudouest.fr/2013/02/26/il-ne-croit-pas-a-s-on-suicide-977856-2996.php
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