vendredi 8 février 2013

Trois ans de prison pour la mort d’une femme dans un accident

Le 31 décembre dernier, Marc Jeambenoit, un jeune homme de 24 ans, avait filé tout droit au stop du carrefour des Coupes-Blanches de la forêt de Seillon. Quelques instants avant, un automobiliste avait remarqué la conduite risquée et l’allure excessive de sa camionnette de société.
En un éclair, c’était le drame. La voiture d’une femme de 35 ans, qui partait rejoindre sa mère, était littéralement soulevée et projetée sur une autre voiture. La conductrice n’avait pas survécu. Inquiets de ne pas avoir de nouvelles, son époux et leur petite fille de 8 ans avaient suivi la même route, et ils étaient arrivés sur les lieux de cet effroyable accident.
Marc Jeambenoit, qui est depuis en détention provisoire, était jugé hier par le tribunal correctionnel de Bourg-en-Bresse, dans une salle d’audience emplie des proches de la victime. Une famille anéantie par le drame qui a écouté avec une grande dignité les explications du jeune homme. Pas toujours entendables quand elles sont celles du chauffard ordinaire : « J’ai malencontreusement grillé le stop » et « je me sentais en état de conduire. Je n’étais pas en train de tituber. » Plus proches de la prise de conscience quand il explique : « Il n’y a pas de mots pour décrire ce que j’ai fait. Je suis impardonnable. Je prendrai la peine que je mérite, car ce que je leur ai pris je ne pourrai jamais le leur rendre. »
Le jeune homme n’a pas nié consommer régulièrement de l’alcool et des stupéfiants depuis l’adolescence, détruit selon lui par une agression sexuelle étant enfant. Une addiction à l’alcool encore plus poussée depuis une plainte sur cette affaire classée sans suite, suivie de deux tentatives de suicide, un internement et une cure de désintoxication.
« Après l’accident, il a signé une décharge et est parti acheter des cigarettes », dénonçait Me Benneteau, l’avocate d’une partie de la famille de la victime. « Vous et moi qui faisons attention au volant, nous pouvons avoir un accident. Mais peut-on parler d’accident quand on roule délibérément sous l’emprise de l’alcool et des stupéfiants ? » Le substitut Henry de Poncins ne disait pas autre chose : « Il a mille raisons de boire, mais, quand on est malade, on ne prend pas sa voiture. » Le magistrat constatait que « ce procès ne réglera pas l’absurdité, l’injustice de cet accident » mais il réclamait une peine exemplaire, cinq ans de prison dont un avec sursis, en reprochant à la défense d’avoir demandé la nullité des procédures établissant la prise d’alcool et de stupéfiants.
« Alors oublions le droit et faisons comme si le code de procédure pénale n’existait pas », lui répondait vertement Me Michel Vicari. En avocat soucieux de la légalité, il remarquait que les flacons de prélèvements n’avaient pas été étiquetés correctement, qu’il manquait un procès-verbal pour les scellés, et que l’examen clinique du prévenu n’avait pas été fait.
« On ne retient que ce qui l’accable, mais il reconnaît une conduite inadaptée. Et il faut tenir compte de sa personnalité pour le juger. Il sait que la prison est inévitable mais les soins seront déterminants pour lui », ajoutait Me Vicari.
Le tribunal a constaté la nullité de la procédure visée par l’avocat et a donc requalifié les faits « d’homicide involontaire aggravé par trois circonstances » en « homicide involontaire par manquement délibéré à une obligation de prudence ». Marc Jeambenoit a été condamné à trois ans de prison dont un avec sursis et mise à l’épreuve. Il a été maintenu en détention.

http://www.leprogres.fr/faits-divers/2013/02/08/trois-ans-de-prison-pour-la-mort-d-une-femme-dans-un-accident

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