C'est une tragique habitude. Le Club Athlétique Sarlat-Périgord Noir vient de perdre l'un de ses enfants, le troisième en six ans. Après la leucémie qui a emporté Loïc Lasserre en 2007 et l'accident de voiture dont a été victime Quentin Rouquette en 2010 (tous les deux étaient âgés de 18 ans), c'est Jordan Cotellon qui s'est éteint dimanche au centre hospitalier de Brive, terrassé dans sa 21e année par un cancer du foie.
Le troisième ligne luttait depuis plus d'un an contre cette terrible maladie qui faisait partie des « cancers suspects » dévoilés en mars 2012 par le procureur de la République de Bergerac, Jean-Luc Gadaud, et qui avaient fait l'objet d'une enquête de la part des agents de l'Oclaesp, l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique.
Zone d'ombre
L'alerte avait été donnée par un médecin du Limousin faisant un lien entre le cancer développé par Jordan, celui d'un jeune joueur de Corrèze et ceux qui avaient été fatals à deux autres joueurs du Sarladais ces dernières années.
Ce médecin ne croyait pas au sort, mais davantage à la prise de compléments alimentaires à base de créatine (produit non interdit à la vente en France) permettant un accroissement de la masse musculaire. « Le problème, c'est que la créatine, seule, ça ne marche pas, expliquait alors le spécialiste Jean-Pierre de Mondenard, médecin du sport. Donc les fabricants, pour rendre le produit plus efficace, peuvent y ajouter des anabolisants, parfois à l'insu du consommateur. »
Selon les conclusions de l'enquête menée par le Pôle Santé du Parquet de Paris, « la consommation de produits dopants et anabolisants, même si cette information est difficile à recueillir et à valider, n'a été retrouvée pour aucun des cas », tout en rappelant que « le risque carcinogène potentiel » lié à la prise de créatine « n'est pas écarté d'après l'Anses (1) ».
Passé par le CA Brive
Depuis septembre, Jordan Cotellon était intégré au staff des Reichels Bélascains de Sarlat qui ont aussitôt réagi sur leur site internet pour saluer la mémoire de leur ami trop tôt disparu. Celui-ci, particulièrement doué, avait intégré l'école de rugby du CASPN dès l'âge de 7 ans. Son attachement au club, malgré une parenthèse il y a trois ans au centre de formation du C.A. Brive-Corrèze, dans l'antichambre des professionnels, était très fort. C'est d'ailleurs une photo d'équipe prise lorsqu'il était enfant que Jordan avait choisie pour illustrer sa page d'accueil Facebook.
Depuis l'annonce du drame, un lieu de recueillement a été installé à l'entrée du stade de Madrazès, où une photo de Jordan, beau et souriant, est entourée de nombreux témoignages d'affection, de bougies et de fleurs. « Ce sont ses copains qui ont fait ça, pas nous. Chaque fois qu'ils perdent l'un des leurs, ils réagissent ainsi, en hommage », précise le président du club, Michel Vaunac, qui avait succédé à Jean-Claude Bouty emporté par un cancer en décembre 2010. Au CASPN, on n'en finit plus de pleurer.
Les obsèques de Jordan se tiendront cet après-midi à 16 h 30 en la cathédrale Saint-Sacerdos de Sarlat. Le journal « Sud Ouest » présente ses condoléances à sa famille ainsi qu'à ses proches.
(1) L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail.
http://www.sudouest.fr/2013/03/20/le-rugby-sarladais-encore-endeuille-999988-5103.php
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