On sait qu’aux Boucholeurs, il sera difficile de démolir certaines maisons sans mettre en péril d’autres mitoyennes qui n’ont pas été vendues à l’État. Mais la situation la plus extravagante se trouve à Fouras, à la pointe de la Fumée, rue du Taurillon. Il s’agit d’une toute petite maison, presque une cabane, partagée par deux propriétaires. L’un a vendu sa partie, l’autre pas. Faire tomber un côté sans toucher l’autre n’est pas envisageable.
Monique Dumenil qui habite près de Poitiers fait partie des propriétaires de la moitié de la maison qui n’a pas été vendue aux Domaines. « C’est mon père, raconte-t-elle, qui a construit cette maison en 1947, il était charpentier. Avec un ami, ils l’ont séparée en deux. Chaque famille occupait une moitié. Quand mon père est décédé, avec mes frères et sœurs, nous sommes restés en indivision et nous nous relayons pour aller à Fouras. »
L’autre copropriétaire est décédé également, ainsi que son fils il y a quatre ou cinq ans. « Sa femme s’est retrouvée un peu seule et de toute façon, elle n’avait pas été habituée à aller aussi souvent que nous dans cette maison, poursuit Monique Dumenil. Après la tempête Xynthia, elle a décidé de vendre à l’État. »
60 000 euros
Mais les Dumenil ont préféré garder leur bien. « Au début toute la pointe de la Fumée était en zone noire, ce qui n’est plus le cas. Nous tenons beaucoup à cette maison, et c’est un héritage de nos parents. En plus pour mon mari et moi, c’est pratique car nous n’habitons qu’à 150 kilomètres. » Selon Monique Dumenil, les Domaines ne lui avaient proposé que 60 000 euros. « C’est une très petite maison. Avec cette somme, en plus nous sommes quatre, il n’était pas possible d’acheter autre chose. Nous avons décidé de la garder. Nous essayons de la maintenir en l’état. Lors de la tempête Xynthia, nous avons eu presque 1 mètre d’eau mais nous avons été moins touchés en 1999. On a changé le canapé, le frigo, on a repeint et voilà. »
Les Dumenil ont aussi donné un coup de peinture à l’autre partie, celle qui a été vendue. Et ils l’ont bien fermée pour éviter le vandalisme et les vols.
Et maintenant, que faire ? Ils se le demandent et sont inquiets. Si la partie qui ne leur appartient est démolie, la leur ne résistera pas, c’est évident.
C’est la loi
« Il aurait été plus judicieux de penser à tout cela avant que l’autre partie de la maison soit cédée aux Domaines, commente Monique Dumenil. Nous avons écrit à la préfète mais elle ne nous a pas donné de réponse. Nous étions disposés à racheter à l’État la partie vendue mais on nous a dit que c’était impossible. »
Hier au Conseil général, la préfète Béatrice Abollivier a été interrogée à propos de maisons vendues sur le littoral et qu’il serait dommage de détruire.
Elle a répondu que c’était la loi et que même si dans certains cas, on peut envisager de garder une construction, il faut l’accord des anciens propriétaires. À l’île d’Aix, une maison qui aurait pu être réutilisée (uniquement en journée) sera démolie, faute d’accord.
Béatrice Abollivier a également évoqué les problèmes techniques pouvant se poser ici ou là, dans les cas notamment de « maisons jumelles ». « Nous essayons de les résoudre et tout cela sera soumis à l’arbitrage des autorités centrales. »
Peut-on dire qu’un « problème technique » se pose à Fouras ? Oui, c’est même un euphémisme.
http://www.sudouest.fr/2013/03/26/a-moitie-vendue-1005920-1352.php
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