vendredi 12 avril 2013

Tuée à quelques pas de chez elle

La mort de Christine Chenal, le 23 novembre 2012, a secoué son quartier. Elle avait 54 ans. Un cyclomotoriste alcoolisé a brisé toute une famille.
LA vie de Christine Chenal s'est arrêtée le 23 novembre 2012, à 17 h 30. Ce jour-là, de fortes pluies s'abattent sur Laon, la nuit est tombée et Guy Demottier, 42 ans, circule sur son cyclomoteur avec 2,2 grammes d'alcool dans le sang. L'homme est pressé. Il remonte la file de voiture ralentie sur cette avenue qui relie la gendarmerie à la piscine. Au même moment, Christine Chenal quitte son immeuble de l'avenue du Général-de-Gaulle. Dans quelques secondes, elle va traverser.
Guy Demottier a travaillé toute la matinée. Il est passé voir sa fille, deux fois. Il a bu deux cannettes de bière, deux fois. Des demi-litres à chaque tournée. Avant de rentrer chez lui, à une quinzaine de kilomètres, à Coucy-lès-Eppes, il est passé dans une grande surface pour acheter des jeux à ses enfants. La pluie tombait, il fallait se rentrer.

20 ans de rechutes
La nuit, la pluie, l'alcool… Le cyclomotoriste double puis décide de se rabattre, entre deux véhicules. Christine Chenal fait un premier pas sur la chaussée. Elle se presse. Le choc est violent. Guy Demottier chute. Christine Chenal, 54 ans, décède quelques minutes plus tard.
La mort de la quinquagénaire a glacé d'effroi la population du quartier. La victime était connue, appréciée, disponible, attentionnée. Elle vivait de peu, et, relate l'avocat de la famille, Me Delavenne « avait toujours un petit geste pour ses neveux et nièces quelle considérait comme ses enfants. »
Guy Demottier boit depuis vingt ans. Il rechute constamment. C'est pour la justice, un échec ambulant. Le jour de l'accident, il porte un bracelet électronique depuis huit jours car il a été condamné à une peine de huit mois de prison. Pour ? Pour récidive de conduite en état alcoolique. Neuf condamnations similaires alourdissent son casier.
Pourquoi avoir pris son cyclo dans cet état ? Il ne sait pas. A-t-il vu la victime ? Il ne sait plus. Son avocat, Me Bouchaillou s'escrime et craint une « justice de classe » qui condamnerait fortement les moins insérés. Il relève aussi qu'à maintes reprises le prévenu a sollicité des soins psychologiques, mais en vain.
Une femme est morte Elle n'avait pas emprunté le passage protégé, mais si Guy Demottier n'avait pas été alcoolisé, relève le parquet, « on peut imaginer que l'accident aurait été évité ».

Une conscience entachée
Que faut-il faire, désormais, pour et avec Guy Demottier ? Sa conscience à jamais entachée, est-ce assez ? Le ministère public a requis trois ans de prison, dont dix-huit mois avec sursis, mais le tribunal est allé au delà. Guy Demottier a été condamné à quarante-huit mois d'emprisonnement, dont douze avec sursis. Il devra bien entendu indemniser la famille de la victime.

http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/tuee-a-quelques-pas-de-chez-elle

Aucun commentaire: