samedi 8 juin 2013

Albi. Il filme sa victime en sang : 3 ans de prison ferme

Il n’a pas d’antécédents judiciaires, il est à la rue, il fait l’objet, selon l’expert psy, de troubles du comportement liés à l’alcool et, ce mardi soir, il est allé un peu trop loin. Kévin Belhachimi, 25 ans, d’Albi, a fait l’objet, hier après-midi, d’une procédure de comparution immédiate devant le tribunal correctionnel d ‘Albi. La justice lui reproche des violences en état d’ivresse et en raison d’une orientation sexuelle, une séquestration et une tentative d’extorsion. Le tribunal ne lui a reconnu aucune circonstance atténuante et l’a condamné à 5 ans de prison dont 3 avec sursis et mise à l’épreuve. Une peine assortie d’une obligation de soins, de travailler et de rembourser sa victime (4 000 € de dommages et intérêts). Un mandat de dépôt a été décerné à l’audience.
Kévin, qui a pris son procès, d’un air un peu trop détaché, n’a pas bronché. Il a seulement souri lorsque sa vidéo a été diffusée lors de l’audience. Car le jeune prévenu n’a rien trouvé de mieux que de faire des gros plans sur le front ensanglanté de Cyrille, rencontré à l’Estabar au cours d’une soirée arrosée. On ne le voit pas, sur le film de 6 minutes tourné sur son téléphone, donner des coups. Mais asséner des insultes d’ivrognes à connotation homophobe.

Des insultes et des coups

«Pourtant, explique-t-il, je n’ai rien contre l’homosexualité, ça m’arrive de fréquenter des homos. J’ai moi aussi des tendances homos», avoue-t-il. «Pourquoi, alors, le traiter de salope et de pédale ? Si ce ne sont pas des injures homophobes, faut vous expliquer», lance le président Bardou.
Kévin expliquera, plus tard au cours des débats, qu’en fait il est 100 % hétéro mais qu’il n’a rien contre les homos. La preuve ? Il connaissait Cyrille qui l’avait déjà hébergé chez lui car il se trouvait à la rue. Ils ont trop bu.
«Moi, je deviens fou avec l’alcool. Je l’ai bousculé, il est tombé, je l’ai frappé. Je ne sais pas pourquoi j’ai filmé, le matin». Le calvaire de son «copain» aura duré une bonne partie de la nuit. À 8 heures, mercredi, il est parti se réfugier en sang chez un commerçant voisin. «Il était en larmes, en état de choc et lui, il est détendu, il sourit lorsqu’il se voit sur l’écran de télé. On a affaire à un prédateur, à un fort face à un faible», explique Me Emmanuelle Pamponneau. Claude Dérens, le procureur, parle, lui, de barbarie, d’humiliation, de coups, d’insultes. Ses réquisitions, lourdes, ont d’ailleurs été suivies au jour près. Même si son avocat, Me Frédéric Albarède, a tenté de mettre en avant son parcours familial, sa fracture sociale, son mal-être. Mais rien d’homophobe dans ses actes de jeune ivrogne aspiré dans une descente aux enfers. Le tribunal ne lui a pas laissé sa chance, comme demandé par la défense, parce qu’il a franchi la ligne rouge

http://www.ladepeche.fr/article/2013/06/08/1645105-filme-victime-sang-3-ans-prison-ferme.html

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