«Il y a toujours un peu d’appréhension avant d’aller travailler. Parfois, on n’est pas tranquille», lâche Valentine (prénom d’emprunt), la voix douce mais teintée de colère.
Mardi soir, cette infirmière du CHU Rangueil, à Toulouse, a été choquée par l’agression d’une de ses collègues infirmières par les proches d’une jeune victime hospitalisée. Comme à Marseille, le 18 août, où un infirmier a été agressé au couteau, les urgences des CHU de Toulouse n’échappent pas non plus à ces bouffées de violence. «Ma collègue a été rouée de coups. Elle a reçu des coups de poing et un coup de genou dans le ventre par un individu qui était accompagné de tout un groupe. Ces violences sont inacceptables. On n’est pas là pour recevoir des coups !», dit-elle, dans un cri de rage pour défendre aussi une profession et un personnel médical «qui en ont ras le bol de servir de déversoir.» Mardi, vers 20 h 30, une quinzaine de jeunes gens déboulent au CHU pour voir leur copain hospitalisé. Mais les règles de visite, comme dans chaque centre hospitalier, sont strictes et encadrées. «On leur a expliqué qu’il ne fallait pas être plus de deux par box. Mais a priori ils ne le comprenaient pas», raconte Valentine, six ans d’expérience aux urgences de Purpan et de Rangueil. Le ton monte et une infirmière est violemment prise à partie et tabassée. «Tout le monde a été choqué. Pendant cet incident, mes collègues et moi-même étions obligés de quitter les chambres des patients pour expliquer au groupe le fonctionnement d’un hôpital et ses règles. C’est une dépense d’énergie supplémentaire et du temps que l’on perd au détriment des patients qui ont besoin de soins.»
Agressée aux urgences il y a un an
Il y a un an, Valentine a reçu un coup de poing dans la salle d’accueil des urgences par un homme ivre. «Il m’a cassé deux dents. J’ai déposé plainte. J’ai été obligée de m’arrêter de travailler à trois reprises pour soigner des abcès dentaires.»Dans les CHU, des agents de sécurité sont pourtant déployés. «Ils font bien leur boulot mais les situations dégénèrent très vite et à tout moment. Certains pestent à cause du temps de prise en charge qu’ils jugent trop long, ou contre le fonctionnement… Au final, c’est le personnel médical qui trinque !»
L’amour du métier chevillé au corps et dévoué pour ses patients, Valentine livre son témoignage pour «alerter l’opinion sur des faits qui ne doivent pas tomber dans la banalisation.» Elle veut aussi dénoncer «un climat d’insécurité» aux urgences
http://www.ladepeche.fr/article/2013/08/29/1697762-les-infirmieres-ne-travaillent-pas-pour-ramasser-des-coups.html
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