Le geste fou d'un « pauvre type »

Ludovic Alliote 38 ans aurait pu se retrouver devant la cour d'assises de la Somme pour tentative d'assassinat, mais c'est finalement devant le tribunal correctionnel d'Amiens qu'il comparaît pour violences volontaires avec arme.

L'arme dont il s'agit est une voiture une vieille R21 aussi abîmée par les kilomètres que son propriétaire l'a été par la vie. Celui qu'à l'école ses petits camarades surnommaient bêtement « Neunoeil » parce qu'il est borgne n'a pas vraiment été aimé par sa mère et a perdu son père alors qu'il n'était qu'un enfant.

Qu'il est difficile de se faire des amis lorsque les autres n'osent pas vous regarder en face. Alors Ludovic Alliote est prêt à tout pour faire partie d'un groupe, pour être utile à quelqu'un. Le 16 décembre dernier il se trouve avec des amis dans le quartier Etouvie à l'ouest d'Amiens. Il ne se pose aucune question lorsqu'on lui désigne un adolescent marchant sur un terrain de foot comme étant l'auteur du vol d'une moto.
 

Il percute deux fois la victime
 

Il grimpe dans la voiture et fonce sur le jeune. Il le percute une première fois, fait marche arrière puis le percute à nouveau avant de prendre la fuite au volant de son automobile. L'adolescent s'en sortira avec plusieurs côtes cassées et un poumon touché. Arrêté sans difficulté par les services de police Ludovic Alliote a toujours indiqué avoir perdu le contrôle de son véhicule qui aurait glissé en direction de la victime. Une explication peu convaincante dans la mesure où, comme le note Wilfried Gacquer, substitut du procureur de la République, « la voiture conduite par le prévenu a foncé deux fois sur la victime. » Le procureur de la République a demandé une peine de 36 mois de prison dont 18 assortis du sursis et d'une mise à l'épreuve contre Ludovic Alliote. Auparavant M e Giuseppina Marras avocate de la partie civile a évoqué la peur de son client qui a cru mourir ou rester paralysé à vie. M e Djamila Berriah, avocate de la défense, n'a pas voulu que son client soit perçu par le tribunal comme un être froid et sanguinaire. « C'est un pauvre type, au sens vrai du terme. Il cherche l'affection des autres par tous les moyens. Il est très influençable. Il est seul devant le tribunal alors que d'autres l'ont poussé à agir ! » M e Berriah a été en partie entendu par le tribunal puisque son client a été condamné à deux années de prison dont une, assortie du sursis et d'une mise à l'épreuve.

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