«Leur mère a soulevé des montagnes, elle s’est battue, d’abord en France puis au plus près de ses filles pendant six mois, en Algérie, dans un hôtel face au consulat de France à Mostaganem.» Un combat salué par les deux conseils de Yamina Bouchareb, Mes Rummens et Bruneau.
Et il en aura fallu du courage et de la ténacité pour faire plier, en respectant le droit français d’un côté et le droit algérien de l’autre, un père, «expulsé du territoire national vers l’Algérie, en 2003, car il était soupçonné de participer à des activités terroristes.»
Ce père, reconnu coupable du délit de soustraction d’enfants par le tribunal correctionnel d’Agen le 5 avril 2011, décida, en 2007, de retenir les billets retour vers la France de ses deux filles venues passer les mois d’été en Algérie.
«J’ai besoin de femmes de ménage ici, elles ne rentrent pas» répondait-il aux légitimes inquiétudes de la mère. Le droit qui donna raison à la mère et aux deux filles, demanda aussi du temps pour traverser la Méditerranée.
Les deux filles alertèrent une nouvelle fois leur mère «lorsque le père voulut les marier de force.»
La décision définitive qui autorisait Mme Bouchareb à récupérer ses filles après le jugement de «déchéance de son rôle de père» date d’octobre 2012. Les deux filles poseront le pied sur le territoire français en mars 2013 avec un visa de long séjour. L’aînée reprendra ses cours à «L’Oustal», le lycée villeneuvois des métiers de la vie rurale, la cadette en classe de 3e générale à l’InstitutionSainte-Catherine.
Recours gracieux
«Mais rien n’est fini pour autant». Le préfet, vient de rejeter la demande de rattachement de ses deux filles sur son décret de naturalisation déposée par Mme Bouchareb. La raison invoquée par le préfet découle d’un article du code civil «qui prévoit que nul ne peut être naturalisé s’il n’a pas, en France, sa résidence au moment de la signature du décret de naturalisation.»Prise en otage par leur père, elles ne pouvaient, bien évidemment pas être sur le territoire national.
Me Bruneau vient de déposer une demande de recours gracieux pour que l’administration change d’avis au vu des éléments particuliers du dossier. Le préfet a deux mois pour faire connaître sa décision.
Pour les deux jeunes filles, «l’avenir c’est la France, le pays où on est nées.» Et pour l’heure elles ne veulent plus entendre parler de leur père.
http://www.ladepeche.fr/article/2013/11/18/1755159-on-ne-voulait-pas-etre-mariees-de-force.html
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