vendredi 29 novembre 2013

Mérignac : prison ferme pour les créanciers voyous

Dans le box des prévenus, ils n’avaient pas le sourire mais presque. Mais lorsque la présidente de l’audience des comparutions immédiates du tribunal correctionnel, Sylvie Bargheon-Duval, a énoncé les peines hier, en fin d’après-midi, ils faisaient grise mine.
Trois hommes comparaissaient pour association de malfaiteurs, avec en plus, pour deux d’entre eux, violence sans interruption totale de travail et destruction du bien d’autrui. Ils avaient été interpellés mardi matin, deux à Versailles et un à Montpellier, à l’issue d’une enquête menée par la brigade de sûreté urbaine de Mérignac.

Au départ, il y avait eu la plainte d’une paisible Mérignacaise, à la suite de l’incendie criminel de sa voiture, le 24 février dernier. Elle avait alors confié aux policiers que si elle-même n’avait pas de problème, un de ses frères était aux prises d’individus qui lui réclamaient une dette de 200 000 euros, contractée dans le cadre d’investissements hasardeux en Espagne. Mais comme il ne répondait pas à son créancier, à qui il avait signé une reconnaissance de dettes de 200 000 euros, celui-ci a eu l’idée de faire pression sur sa famille.
Il a mandaté son beau-frère pour effectuer les basses œuvres. Celui-ci s’en est acquitté avec un certain zèle. D’abord en téléphonant au frère et à la sœur du débiteur, qui n’y étaient pour rien, en proférant des menaces à mots à peine couverts. Ensuite en venant sur place pour incendier la voiture de la Mérignacaise.
Les policiers de la BSU de Mérignac ne disposaient au départ que de peu d’éléments. Mais à l’issue de l’investigation, ils sont parvenus à constituer un solide dossier. Avec le concours de la Sûreté départementale, ils ont mis en place l’opération qui a permis de les interpeller mardi à 6 heures.
Jean-Claude Arpin, 56 ans, le créancier spolié, et Hicham El Fraja, son gendre âgé de 34 ans, ont été interpellés à leur domicile de Versailles. Mostafa El Fraja, cousin d’Hicham, a été arrêté chez lui, à Montpellier. Hicham, qui n’a pas son permis de conduire, l’avait sollicité pour le conduire à Bordeaux en février dernier. « Cela fait cinq ans que j’attends mon argent », a argumenté Jean-Claude Arpin.
« Vous avez employé des méthodes de voyous sur des gens qui n’y étaient pour rien », a répliqué Sylvie Bargheon-Duval. Hicham El Fraja a lui aussi tenté de convaincre, d’une voix douce, qu’il cherchait simplement à obtenir les coordonnées du mauvais payeur et qu’il regrettait d’avoir mis le feu à la voiture.
Il n’a pas convaincu la vice-procureur Nathalie Mathieu. Contre les trois prévenus, elle demandait cinq ans de prison, dont une partie en sursis avec mise à l’épreuve et une interdiction totale d’entrer en contact avec les victimes. Le tribunal a choisi de requalifier l’association de malfaiteur en complicité de violences et menaces pour Arpin et Mostafa El Fraja et en violences et menaces pour Hicham El Fraja, comme le demandait Me Delphine Gali, avocate de Jean-Claude Arpin. Ce dernier a été condamné à deux ans de prison, dont un avec sursis, et Hicham El Fraja à cinq ans, dont quarante-huit mois avec sursis. Tous deux ont été placés sous mandat de dépôt. Mostafa El Fraja a été condamné à un an avec sursis. Les trois ont interdiction d’entrer en contact avec les victimes

http://www.sudouest.fr/2013/11/29/ils-voulaient-faire-pression-sur-les-proches-de-leur-debiteur-1243752-2780.php

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