Ils ne pouvaient pas avoir d’enfants, alors ils ont adopté. Deux petits Russes. Un garçon d’abord, puis une fillette. L’aîné se révèle difficile, rétif à l’autorité. Sur la petite, le personnel de l’école constate en 2010 des traces de violences. Soupçonnés, les parents sont placés en garde à vue et les enfants en foyer quelques semaines. Là, ils dénoncent des claques, fessées, menaces et insultes subies.
Le couple comparaissait hier devant le tribunal correctionnel de Bordeaux pour violences sur mineur par ascendant. « On a le sentiment que vous n’êtes pas faits pour être parents », assène le président Alain Reynal. Serrés face à leurs juges, unis dans la difficulté, mari et femme accusent le coup, le regard humide.
« On fait pour le mieux »
La mère adoptive surchargée de travail assure faire « le maximum pour que les enfants soient bien ». Mais la veille encore, le garçon a été exclu de l’école pour avoir voulu étrangler un camarade de classe.
« On fait pour le mieux », ajoute son mari. On ne peut pas revenir en arrière, on a fait des erreurs, on les assume. » « Des délits », corrige le vice-procureur. Qui sermonne. « On ne dit pas un enfant adopté si tu n’es pas content tu changes de famille, on ne fait pas de constants reproches sur la valeur des choses, on ne traite pas ses enfants de tête de ruskov, on ne menace pas de mettre son enfant en internat, ni de le jeter dans la piscine. » « Mais ils adorent ça l’été », tente d’argumenter la mère, mal à propos.
« Avant d’être des enfants adoptés, ce sont des enfants, qui se trouvent en plein conflit de loyauté », pose Me Christine Vieillemaringe, qui défend les intérêts des enfants. Le vice-procureur pèse ses mots qu’il sait durs et choquants.
Son impression est que le couple est « victime de ses deux enfants adoptés ». Pire, il accuse. « On ne fait pas des enfants pour soi. Ils ont acheté ces enfants, ils les ont payés cher et c’est comme s’ils n’en avaient pas pour leur argent. Ils veulent les faire rentrer dans le rang avec un discours décalé d’égal à égal. »
Jusqu’à l’estocade. « Vous n’êtes pas une bonne mère, vous n’êtes pas un bon père. » Il requiert cinq mois de prison avec sursis, hésite, mais ne demande pas la déchéance de l’autorité parentale.
En défense, Me Alexandre Novion est choqué que ses clients soient ainsi caricaturés et transformés. « Ils sont d’abord des résilients d’une enfance difficile qui ont trouvé les ressources pour devenir des gens bien. Ils ont mis tout ce qu’ils pouvaient dans cette adoption, avec une seule peur : ne pas être à la hauteur. » Pour l’avocat, le couple a trop fantasmé cette envie d’enfants.
« Sur les dépliants, tout est bleu, tout est rose, mais apprend-on à devenir parents ? », demande Me Novion. Ses clients se sont entourés de tous les spécialistes de l’enfance. « Ils ont peut-être eu une réponse éducative inappropriée, ont commis des erreurs mais ce n’est pas un crime. » Le couple a écopé de six mois de prison avec sursis.
http://www.sudouest.fr/2013/12/18/des-parents-adoptifs-a-la-barre-pour-des-violences-1405309-2780.php
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