vendredi 20 décembre 2013

Gers : il vend un trésor princier illégalement sur eBay

e monde de l’Histoire est en émoi. De Paris à Toulouse, historiens et archéologues crient au pillage du sous-sol gersois et dénoncent le vol d’un pan de l’histoire du Sud-Ouest. L’affaire est en justice et pourrait avoir pour épilogue la barre du tribunal d’Auch.
Le 25 novembre dernier, un bijou en or prétendument trouvé dans le Gers a été vendu 10 000 euros sur eBay, un site de ventes aux enchères. Sauf que ce trésor n’a pas été déclaré comme la loi l’exige. Il pourrait bien renfermer des informations sur l’histoire dela région jusque-là inconnues.
L’odyssée de cette pièce débute le 19 avril 2013 lorsqu’un magazine toulousain d’amateurs passionnés de métaux décrit une « magnifique trouvaille faite dans un petit bois du Gers par un prospecteur qui a désiré rester anonyme ». L’auteur pense alors qu’il s’agit d’une fibule, une sorte de broche datant de l’Antiquité.
Visible près de Miélan
Selon un archéologue spécialiste du Gers, il s’agirait plutôt « d’une boucle d’oreille en or appartenant à un prince, datant de l’époque gauloise, de tradition ibérique maure ». Cela place la datation entre le Ve et le IIIe siècle avant notre ère. D’après ce spécialiste, « la présence de ce bijou à cet endroit du Gers est cohérente avec l’histoire archéologique du département, car il y avait pas mal d’allées et venues sur cette zone. Cet objet est très rare ». Il semblerait que l’on ne puisse pas relier sa présence avec les vestiges d’Eauze et de Montréal.
Selon Éric Champault, archéologue à l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) interrogé par nos confrères de Rue 89, c’est une pièce « d’un type tout à fait inconnu. Il y a sans doute quelque chose en dessous, un cimetière ou un tumulus ».
L’auteur de l’article de « Monnaies et détections » conseille à l’inventeur « d’essayer de trouver les parties manquantes et de se rapprocher d’un officiel de la culture ». Mais l’« inventeur » en question n’a pas suivi le conseil et a préféré le mettre en vente sur eBay en précisant qu’il était visible à Bazugues, un village du canton du Miélan. Les enchères ont débuté à 499 euros et se sont achevées, après 16 propositions, lundi 25 novembre à 9 h 58 pour 10 000 euros. Depuis, la pièce s’est évaporée dans la nature.
Une association d’archéologues virulents (Happah, Halte au pillage du patrimoine archéologique et historique) a alerté les autorités. Les services judiciaires de l’archéologie mènent l’enquête.
EBay a retiré l’annonce. Son service clients précise : « Comme spécifié dans notre règlement, la vente d’objets archéologiques est strictement encadrée. » Bien que ses pages regorgent d’annonces de ce genre. EBay déclare en outre avoir « informé le vendeur du règlement en vigueur sur le site » et précise même que « l’examen complémentaire de ce dossier permet de préciser que les comptes du vendeur et des enchérisseurs bénéficient d’évaluations très positives ».
Frédéric Rossi, président de l’association Détection Gers, est en colère contre son collègue qui aurait découvert le bijou sans le déclarer. « Je pense que c’est une personne qui se baladait avec son détecteur et qui ignore la loi. J’ai proposé à quelqu’un qui le connaît de ramener l’objet à la mairie mais, depuis, je n’ai plus aucune nouvelle de personne. Depuis des années, on se bat pour montrer qu’on est là pour aider les gens à retrouver leurs biens et que nous ne sommes pas des pilleurs. »
La revue « Monnaies et détections » répondait aux commentaires sur son site, le 9 juin dernier : « L’inventeur est absolument conscient [de l’illégalité, NDLR] mais les problèmes rencontrés par les découvertes fortuites puis déclarées […] font que peu de prospecteurs veulent franchir ce pas. »
De nombreuses personnes semblent donc connaître l’identité de la personne qui a « trouvé » la boucle d’oreille princière.
À moins que le vendeur d’eBay ne s’avère n’être qu’un revendeur… qui pourrait comparaître pour recel. 
Ce que dit la loi : obligation de déclaration
Le Code du patrimoine indique, selon l’article 544-4, que « le fait, pour toute personne, d’aliéner ou d’acquérir tout objet découvert en violation [du Code du patrimoine] est puni d’un emprisonnement de deux ans et d’une amende de 4 500 euros. Le montant de l’amende peut être porté au double du prix de la vente du bien ».
Les prospecteurs peuvent chercher des métaux dans le sol avec leur détecteur mais doivent en faire la demande à la préfecture, tout en précisant le lieu et l’objectif de cette recherche. Ce qui est clair, c’est qu’il est formellement interdit de chercher des vestiges sur un site archéologique

http://www.sudouest.fr/2013/12/20/gers-il-vend-un-tresor-princier-illegalement-sur-ebay-1408322-2277.php

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