jeudi 27 février 2014

Gironde : le stage d’aviron avait viré à l’évasion

Le 5 avril 2013, à la faveur d'un stage sportif d'initiation à l'aviron organisé sur le lac de Bordeaux pour plusieurs détenus du centre pénitentiaire de Gradignan, Christopher Brunson, 27 ans, s'était fait la belle. Prétextant un besoin pressant, il avait été autorisé par les surveillants à se rendre aux toilettes. Ne le voyant pas revenir, ils sont allés le chercher. Mais le détenu avait filé à l'anglaise.
L'employée d'un hôtel proche a un peu plus tard appelé la police pour témoigner d'une scène qui l'avait surprise. Un homme couvert de boue était arrivé en courant sur le parking de l'établissement et s'était jeté à l'arrière d'une voiture noire qui avait démarré. Elle avait eu le réflexe de noter le numéro d'immatriculation. Un renseignement qui a permis aux policiers de se mettre rapidement sur la piste de l'évadé et de l'interpeller quelques dizaines de minutes plus tard.
Christopher Brunson a donc été extrait de sa cellule hier pour être jugé devant le tribunal correctionnel pour « évasion d'un détenu bénéficiant d'une permission de sortie en récidive ».
Le conducteur de la voiture, sous contrôle judiciaire après avoir fait cinq semaines de détention provisoire après les faits, était aussi présent à l'audience. Il a soutenu, et après lui, son avocat, Me Éric Grosselle, qu'il n'était pas au courant que Christophe Brunson voulait s'évader. « Je ne l'ai appris que lorsque je l'ai déposé place de la Victoire. »
Pas de quoi convaincre la présidente Cécile Ramonatxo qui rappelait les éléments du dossier, et notamment les relevés téléphoniques, qui montraient que Christopher Brunson avait sollicité son ami par téléphone, dès la veille, et le matin même de l'évasion. « Mais il m'a dit qu'il était libérable », a maintenu le jeune prévenu.
  • Laissé sans surveillance
Me Éric Grosselle a considéré de plus que son client n'a en rien été responsable de l'évasion de son copain. « Il n'a rien initié pour l'évasion elle-même. »
Alors que le vice-procureur Marc Ottomani avait requis contre ce dernier huit mois de prison ferme, Me Grosselle a demandé la relaxe, « ou une peine qui couvre la détention provisoire et n'entraîne pas de révocation de sursis de peines précédentes ».
Me Dominique Laplagne s'est, pour sa part, attaché à convaincre que malgré un lourd casier judiciaire, Christopher Brunson ne méritait pas nécessairement une peine sévère. « Il faut s'interroger sur les motifs qui l'ont conduit à s'évader alors qu'il n'avait plus que sept mois de détention à faire. Mais ça correspondait à la sortie de l'hôpital de sa mère à Toulouse. »
Il a aussi pointé du doigt l'administration pénitentiaire qui avait laissé le détenu se rendre seul aux toilettes sans surveillance. « Il a filé à l'anglaise mais n'a rien cassé et n'a fait de mal à personne », soulignait encore Me Laplagne.
Le vice-procureur Marc Ottomani n'a pas vu les choses sous le même angle. « Nous sommes toujours confrontés aux mêmes manières de se défendre de la part des prévenus. L'un dit qu'il est innocent et qu'on doit le croire. L'autre qu'il ne recommencera plus jamais alors que sa dernière condamnation date de 2012. »
Il a requis à l'encontre de Christopher Brunson deux ans de prison ferme. Il a été condamné à un an ferme et son coprévenu à six mois ferme sans mandat de dépôt.
http://www.sudouest.fr/2014/02/27/le-stage-d-aviron-avait-vire-a-l-evasion-1474452-2897.php

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