C’est l’histoire d’une résurrection. Celle d’un garçon de 11 ans qui s’amusait avec son grand frère et des copains un samedi après-midi, au circuit de motocross de Saint-Maur. Dix pilotes s’entraînaient ce jour-là sur le terrain du «Peyré». L’un d’eux a perdu le contrôle de son engin. La moto a volé, percutant le groupe d’enfants. Deux, touchés à la tête, ne se relèveront pas. Jona, 12 ans, de Pouylebon, est toujours hospitalisé à Lamalou-les-Bains, dans un état de coma vigil. Son copain Fabio espère qu’il se réveillera bientôt...
Fabio Bernardinatti, c’est le petit miraculé de Saint-Maur, ce village de l’Astarac qui reste profondément marqué par l’accident du 16 mars 2013. La famille Bernardinatti s’était installée en 2010 à Saint-Maur, pour un nouveau départ. Laurent et Christelle, originaires de Montauban, avaient choisi de quitter l’agitation de Perpignan pour voir grandir leurs trois enfants, Axel, Fabio et Juline dans la campagne gasconne.
À l’été 2013, ils allaient accueillir leurs premiers clients à leur table et dans leurs chambres d’hôtes. En un instant, ce samedi 16 mars à 17 h 30, tout s’est brisé.
«Fabio a pris la moto en pleine tête, il souffrait d’une douzaine de fractures sur le côté droit du crâne», rappelle son papa. Aujourd’hui encore, Laurent Bernardinatti se repasse le film, image par image, de la «scène de guerre» qu’il a découverte en arrivant au circuit. Axel, l’aîné, indemne mais en état de choc... et quelques mètres plus loin, dans un dévers, le corps désarticulé de Fabio, le cadet. «Il ne bougeait plus. Axel a cru qu’il était mort et moi aussi», raconte ce père qui, aujourd’hui, avec son épouse Christelle, ressent «le besoin de témoigner, de partager»... pour que le poids des 81 jours de coma de Fabio soit moins lourd à porter.
Le printemps chasse la mort
Comme un exutoire, Laurent a noirci les pages du journal de bord que Laetitia, une infirmière du service des soins intensifs de Purpan lui avait tendu, le 18 mars. À cet instant, les parents de Fabio vivaient une torture psychologique. «Les médecins ont réservé leur diagnostic 48 heures, puis ils l’ont étendu à 72 heures. Ensuite, ils nous ont dit : dans six jours, on pourra dire que le pronostic n’est plus très engagé mais seulement engagé», raconte Christelle. La mort cessera de frapper dans la tête de Fabio le 20 mars... le jour du printemps, celui d’un fol espoir pour Laurent et Christelle. Ils écriront 250 pages... jusqu’au réveil de Fabio, le 5 juin, au centre de rééducation Paul-Dottin, à Ramonville-Saint-Agne où il avait été admis le 14 mai. «C’est un enfant très courageux. Il s’est battu, semaine après semaine, pour reprendre possession de son corps. Quand il s’est réveillé, ses bras étaient verrouillés, ses jambes ne fonctionnaient pas, les tendons s’étaient rétractés. Un médecin nous a laissés entendre qu’il pourrait rester comme ça. Au final, c’était tout simplement les muscles qui étaient tétanisés après ces deux mois et demi de coma.»Christelle raconte encore ces moments magiques où elle est devenue «orthophoniste à plein-temps» pour son fils. «Je lui montrais des post-it de couleurs et de formes. Il savait lire, c’était formidable.»
Fabio n’a pas perdu ses facultés cognitives et intellectuelles. Avant l’accident du circuit de Saint-Maur, il préparait son entrée en 6e au collège de l’Astarac. Ce retour progressif à la vie scolaire se fera finalement à L’Isle-Jourdain, la ville où les Bernardinatti sont désormais installés. Axel est en 4e au collège Louise-Michel. Fabio l’y rejoindra le 17 mars. «Heureusement que ce n’est pas le 16, j’ai en horreur ce chiffre désormais», lance Christelle.
http://www.ladepeche.fr/article/2014/02/17/1820218-retour-vie-petit-fabio-percute-moto-circuit-saint-maur.html
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