vendredi 21 février 2014

Trafic de drogue à Pau : de la cocaïne cachée dans des colis de patates douces

S'il est parfois difficile de faire avaler des légumes à des enfants, les trafiquants de drogue, eux, en raffolent ! Et font même dans les variétés exotiques. Au chapitre des caches insolites, le tribunal correctionnel de Pau avait ainsi à juger une affaire de trafic de cocaïne entre le Suriname et les Pays-Bas, avec escales en Guyane, à Pau, à Bordeaux et en Belgique, via… des colis de patates douces drôlement épicés.
Les tubercules, vidés d'une partie de leur chair et farcis de sachets de poudre blanche, ne voyageaient pas par des convois clandestins savamment organisés mais tout simplement par la poste. « Les trafiquants savent bien que cette voie est l'une des moins risquées pour eux étant donné qu'il est impossible de contrôler tous les colis », rappelle la substitut du procureur, Orlane Yaouanq.
  • Colis suivi à la trace
C'est pourtant l'un de ces contrôles qui a révélé le pot aux roses, en août 2010, au service du tri postal de Cayenne. Un douanier ouvre alors au hasard un colis et trouve, au milieu de trois bons kilos de patates douces et d'ignames, 1,5 kilo de cocaïne. Le paquet est délicatement refermé, replacé dans le circuit des expéditions mais suivi à la trace. Onze jours plus tard, il arrive à destination, chez un militaire du 5e Régiment d'hélicoptère de combat de Pau totalement inconnu de la justice jusqu'alors.
À peine l'épouse du soldat le réceptionne-t-elle qu'elle se fait tomber dessus par des policiers. Placée en garde à vue, la jeune femme est rapidement mise hors de cause tandis que son mari passe aux aveux.
Jeudi, le jeune homme de 24 ans, qui a fait l'objet de quarante jours de mise à pied lorsque l'affaire est arrivée aux oreilles de sa hiérarchie, était sur le banc des prévenus, aux côtés d'un électricien installé en région bordelaise, de dix ans son aîné.
Leur point commun ? Tous deux ont servi de petites mains à un réseau plus vaste dont les têtes pensantes sont passées entre les mailles du filet. L'un et l'autre n'avaient jamais fait parler d'eux et ont succombé « pour faire face à des difficultés financières », plaident leurs avocats Mes Arcaute et Saint-Michel. Et récupérer une misère au vu des risques pris : 700 euros en mandat cash pour le militaire et un peu plus de 2 000 euros pour le second.
  • 62 000 euros d'amende
Guyanais d'origine, ils ont été démarchés par des proches. Un cousin pour le soldat qui, à force d'insister, l'a convaincu d'accepter de réceptionner des colis fournis par un Surinamien à destination d'un autre Surinamien vivant au Pays-Bas. Le militaire devait ensuite les acheminer à Bordeaux, où l'électricien, lui aussi persuadé par un ami, les aurait récupérés pour les acheminer par voiture en Belgique ou au Pays-Bas. Tous deux ont ainsi joué les mules entre cinq et sept fois, en 2010, et assurent ignorer l'identité des commanditaires. « À chaque fois, c'était une personne différente qui réceptionnait la marchandise au Pays-Bas. Je ne connais pas leur nom », affirme le Bordelais.
L'un et l'autre ont été condamnés à 1 an de prison dont six mois assortis de sursis. Un troisième prévenu, le cousin du soldat, qui vit toujours en Guyane et était absent à l'audience de jeudi, écope, lui, d'un an ferme. Le tribunal a décerné contre lui un mandat d'arrêt. Les trois hommes devront payer solidairement une amende douanière de près de 62 000 euros.

http://www.sudouest.fr/2014/02/21/patates-shootees-1468375-4344.php

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