samedi 15 mars 2014

Talence (33) : depuis 2007, ils usurpaient le nom d’un ami d’enfance

Hischam est ressorti soulagé du palais de justice hier matin. Le tribunal correctionnel venait de condamner ceux qui, pendant plusieurs années, lui ont volé son nom.
Pour Hischam, le calvaire a débuté en 2007 lorsqu'il a reçu des contraventions alors que ni son véhicule ni lui-même ne se trouvaient à l'endroit où elles avaient été délivrées. Face à la multiplication de ces contraventions, il a déposé plainte. Mais elle a été classée sans suite. Hischam n'était pas décidé à baisser les bras. Il a mené sa propre enquête et a découvert que l'un des usurpateurs était un de ses amis d'enfance, dans un village marocain. Fort de ses informations et épaulé par Me Françoise Lendres, son avocate, il déposait en 2008 une plainte avec constitution de partie civile. Un juge d'instruction a été désigné.
Plusieurs usurpateurs
Mais il n'a pas été simple de reconstituer le cheminement de ceux qui avaient pris l'habitude de se servir de l'identité d'un autre. Pour circuler mais aussi pour commettre des actes délictueux.
Otmane Moussaid, 27 ans, effectue actuellement une peine de trois ans de prison dans le cadre d'un dossier de trafic de stupéfiants. Il est également en détention provisoire dans le cadre d'une autre affaire. Il a par ailleurs déjà été jugé pour l'usurpation de l'identité d'Hischam, mais pour des faits de 2009 et 2010, et a été condamné pour ces faits à six mois de prison ferme, peine pour laquelle il a fait appel.
Ceux évoqués vendredi portaient sur les années 2007 et 2008. Face aux questions du président Alain Reynal, le prévenu a tranquillement répondu qu'il était prêt à reconnaître les faits relevant de sa responsabilité mais a affirmé aussi que « celui qui m'a communiqué ce nom l'a donné à plein d'autres personnes, qui ont pu l'utiliser elles aussi. »
Il n'a donc admis que les infractions correspondant à des voitures qu'il a possédées, une BMW 323 I et une Mercedes. Hischam, de son côté, a conservé la même voiture de marque française pendant dix ans.
400 000 cas par an
L'autre prévenu de ce dossier, Nabil Jahhaoui, n'a pu apporter d'explication. Il n'était pas présent, ni représenté par un avocat à cette audience. Intervenant au nom d'Hischam, Me Françoise Lendres a évoqué les années difficiles vécues par son client. « En France, 400 000 personnes sont chaque année victimes d'usurpation d'identité. Heureusement pour mon client, cela n'a pas affecté son casier judiciaire qui est vierge. »
Mais cela n'a pas dû passer très loin. Otmane Moussaid avait aussi été jugé, condamné puis incarcéré pour un délit au nom de Nabil Jahhaoui. Cela aurait aussi pu se produire avec le nom d'Hischam. Le procureur adjoint Gérard Aldigé qui a qualifié le comportement de Moussaid « d'attitude de truand ». Il a demandé six mois ferme pour les deux prévenus avec un mandat d'arrêt pour Jahhaoui.
Me Anaïs Divot, avocate d'Otmane Moussaid, évoquait devant le tribunal « le parcours semé d'échecs du jeune homme, venu en France pour devenir professeur de tennis mais qui a pris de mauvais chemins ».
Il a été condamné à six mois ferme et Nabil Jahhaoui à huit mois. Ils devront par ailleurs verser 4 500 euros de dommages et intérêts à leur victime.

http://www.sudouest.fr/2014/03/15/depuis-2007-ils-usurpaient-le-nom-d-un-ami-d-enfance-1492157-4697.php

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