vendredi 25 avril 2014

Béarn : le sexagénaire croit que sa femme le trompe, il passe à tabac une connaissance

Petit gabarit, pantalon à pinces sombre, chemise à rayures impeccable et souliers bien cirés, Joaquim F. s'avance vers la barre du tribunal correctionnel de Pau, seul. Ce retraité aux airs très proprets de 67 ans, originaire d'un village du canton de Lescar et inconnu de la justice jusqu'à présent, n'a pas voulu prendre d'avocat. On comprend vite qu'il n'a pas la dépense facile. Et encore plus rapidement qu'il ne regrette rien à son geste.
Le 6 mars, il a passé à tabac un habitant de son village désormais installé à Lons et qu'il connaît de longue date. La victime a été attaquée sur le parking de sa résidence, le matin, alors qu'elle partait au travail. Joaquim l'a frappée à coups de bâton. Bilan : une blessure au crâne et cinq jours d'interruption temporaire de travail.
Du sang sur les mains
Tout ça pourquoi ? Parce que le sexagénaire, décrit comme colérique par ses proches, s'est mis en tête que l'homme entretient une relation avec son épouse. Simplement parce que la victime a eu le malheur de véhiculer, une ou deux fois, la dame qui n'a pas le permis. Depuis des semaines, Joaquim harcèle la mère de ces enfants avec cette histoire, ne la croit pas quand elle lui démontre qu'il s'imagine des choses et n'en démord pas.
Le matin des faits, il la prévient : « Je vais le corriger ! ». À son retour de Lons, il a du sang sur les mains. Sa compagne appelle la gendarmerie pour confier ses craintes. Joaquim lui arrache le combiné et se livre, comme si l'agression qu'il venait de commettre était tout à fait normale : « Je l'ai tapé avec une branche. Quand je suis parti, il était encore debout. C'est bien simple, s'il n'avoue pas qu'il a couché avec ma femme, ça va aller mal. Il finira entre quatre planches ! », lance-t-il aux gendarmes sidérés devant ces confessions et menaces de mort. Les militaires n'auront pas besoin de l'interpeller ; le sexagénaire se rend de lui-même à la brigade de Lescar. Placé en garde à vue, il persiste et signe. Toujours obsédé par la même idée.

"S'il n'avoue pas qu'il a couché avec ma femme, ça va aller mal. Il finira entre quatre planches"  


« La victime n'a pas porté plainte contre vous et nous a adressé une lettre pour expliquer son choix de ne pas se constituer partie civile. Un courrier dans lequel elle se fait, en quelque sorte, votre avocat : « Cet homme ne ressemble en rien à celui que je connais. Je pense que son comportement relève plus d'une souffrance et de soins », lit le président Magnon. « Ma femme est une comédienne et cet imbécile, dont je ne veux plus m'occuper, un grand malin ! », réplique le prévenu, arc-bouté sur ses convictions « fantasmatiques ».
« Paranoïaque »
Les conclusions de l'expertise psychiatrique, qui relève « une personnalité psychorigide de type paranoïaque ayant développé un délire de jalousie avec un vécu persécutif », glissent sur lui. « Je ne suis pas malade, c'est lui le malade ! », tonne le sexagénaire. À bout face à ce climat d'éternelle suspicion, sa femme a voulu divorcer. « Mais elle est revenue. J'ai construit cinq maisons de mes mains, je n'allais pas les lui laisser », souffle le père de famille.
Il a été condamné à un an de prison avec sursis et une mise à l'épreuve de deux ans comprenant une obligation de soins et l'interdiction d'entrer en contact avec la victime. Une peine qui correspond aux réquisitions du ministère public.

http://www.sudouest.fr/2014/04/25/sa-jalousie-maladive-le-mene-au-tribunal-1535171-4238.php

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