dimanche 15 juin 2014

Lunéville : Des sociétés rackettées à Niederbronn

Démarré il y a deux ans et toujours en cours, le plan de rénovation du quartier sensible de Niederbronn est au cœur d’un incroyable système d’extorsion. C’est ce que vient révéler une enquête de la PJ de Nancy. Une dizaine d’entreprises chargées de la réhabilitation des immeubles, des routes, du réseau d’assainissement ou des espaces verts ont en effet été la cible de manœuvres d’intimidation de la part de certains jeunes du quartier. Ces derniers avaient pour objectif de se faire embaucher.
En plus de leurs salariés habituels, les sociétés avaient en effet l’obligation d’avoir recours à un quota de personnes en difficultés via des contrats d’insertion. Des chefs d’équipe ou des responsables ont reçu des menaces, soit directement, soit par téléphone, pour recruter en priorité certains jeunes du quartier. Des pressions similaires ont été faites sur des agences d’intérim censées fournir aux sociétés des travailleurs en insertion.
Les menaces ne sont pas restées que verbales. Des entreprises ont subi des dégradations. Histoire de montrer que les pressions n’étaient pas des paroles en l’air. Un chauffagiste a eu les pneus de tous ses véhicules crevés. Une société de démolition a eu pour 25.000 € de dégâts sur un engin de chantier.

« Une bande de mafieux »

La plupart des entreprises ont fini par embaucher des jeunes du quartier pour avoir la paix. La majorité n’a pas fait parler d’elle. « Sur les trente-huit qui ont été pris en insertion, cinq ou six ont posé problème » selon la présidente du tribunal correctionnel de Nancy, Denise Martino, qui a dû examiner l’affaire ce vendredi. Par « problèmes », la magistrate veut parler de menaces et de pression pour percevoir des salaires sans aller travailler. Bref du racket pur et simple. « Ils se sont comportés comme une vraie bande de mafieux », souligne la procureur adjointe, Chantal Ramey.
Au fil des mois, un véritable « climat de crainte » s’est instauré sur les chantiers, souligne la présidente Martino. Cela a culminé en début d’année lorsque des salariés de deux sociétés d’espaces verts ont fait valoir leur droit de retrait et n’ont plus voulu aller travailler à Niederbronn.
La sous-préfet de Lunéville a alors tiré la sonnette d’alarme et une enquête du SRPJ de Nancy a été enclenchée. Cela a débouché mercredi sur l’interpellation de trois jeunes du quartier. Un quatrième suspect est en cavale et un cinquième a été localisé sur Lyon mais a refusé de venir s’expliquer.

En liberté mais pas à Lunéville

A l’issue des gardes à vue, le trio qui s’est fait prendre, a été conduit, vendredi, devant le tribunal de Nancy. Pour être jugé en comparution immédiate. Mais les trois jeunes qui nient les faits, ont demandé et obtenu un délai pour préparer leur défense. Leur procès aura lieu le 21 juillet. « En attendant cette date, les entreprises ne veulent plus les voir sur Lunéville », a indiqué l’avocat de la partie civile, Me François-Xavier Koehl. La procureur adjointe a réclamé une solution radicale : le placement en détention du trio.
« Tout ce dossier n’est basé que sur des rumeurs et des impressions », a critiqué, au nom de la défense, Me Sophie Ferry-Bouillon. Avec ses consœurs Mes Baumann et Crucy, elle a plaidé pour une remise en liberté. Avec succès. Les trois jeunes de Niederbronn ont été remis dehors. Mais avec interdiction de revenir à Lunéville.
http://www.estrepublicain.fr/meurthe-et-moselle/2014/06/14/societes-rackettees-a-niederbronn

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