vendredi 31 octobre 2014

A 77 ans, Jacqueline est expulsée de son «château» vétuste

La trêve hivernale empêchant les expulsions locatives commence demain. Trop tard pour Jacqueline. Handicapée, à 77 ans, elle doit quitter son T3 vétuste aujourd'hui.
«C'est tout sauf la vie de château !», lance Hugo. Ce maçon de 29 ans est venu donner «un coup de main» à une voisine pour la déménager. À 77 ans, Jacqueline Emanuelli-Moya est plus exactement expulsée. Après avoir loué pendant sept ans un HLM du Toit Familial de Gascogne dans la rue Darwin, la septuagénaire a été priée de quitter les lieux pour cause d'impayés. Baptisé «Le château», ce T3 d'environ 70 m2 souffre en effet d'une certaine vétusté. Problèmes d'humidité, de toiture, d'assainissement, un cumulus changé récemment mais toujours pas aux normes, sans parler du plancher qui s'effondre dans une chambre : on ne peut pas nier que ce n'est pas «la vie de château».
Mais pour cette dame cardiaque atteinte de polyarthrose, de lombarthrose et de bronchites chroniques, les problèmes d'accessibilité étaient les plus prégnants. «Il y a des rebords ou des marches et je ne passe pas avec mon fauteuil dans toutes les portes», explique-t-elle «à bout». Et d'évoquer les factures d'eau et d'électricité salées en raison de la déliquescence des installations. Cette relative salubrité, c'est le premier point.

Une dette de 2 000€

Mais d'après les différents services contactés, «cette personne s'était vue proposer en 2013 un autre logement plus adapté qu'elle a refusé». Un élément que nie fermement l'intéressée qui avait sollicité la pose d'une clôture dans le jardin pour ses chiens.Le second, c'est le fait que cette ancienne bénévole à la Croix-Rouge d'Aignan, héberge depuis des années un ami, Daniel, 53 ans. «Il a fallu justifier du fait que l'on n'était pas en couple», précise-t-elle. Les aides sociales variant bien sûr en fonction.
Enfin, le troisième et le plus épineux : Jacqueline est aujourd'hui redevable d'un peu plus de 2 000€ à son bailleur qui estime avoir fait preuve de souplesse. Le Toit Familial parle de 6 mois d'impayés quand elle assure avoir «toujours» honoré sa part d'environ 70 € sur les 390 réclamés, le reste de ses charges étant alors assumé par la CAF. Et à ceci, se greffent désormais les frais d'huissier...
L'association Regar, mandatée pour son relogement, «regrette une mesure tardive» mais affirme tout faire pour que cette dame ne dorme pas dehors ce soir. «Dans l'urgence, elle sera logée à l'hôtel», entend-on. Des services sociaux du conseil général en passant par la DDSCPP (Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations), tout le monde assure être «allé au bout du process légal».
«J'ai donné toute ma vie et voyez où j'en suis», lance Jacqueline, résignée. Au premier semestre 2014, ils étaient 25 sur le département à être sous le coup d'une procédure d'expulsion.

http://www.ladepeche.fr/article/2014/10/31/1982376-a-77-ans-jacqueline-est-expulsee-de-son-chateau-vetuste.html

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