mercredi 11 février 2015

Joggeuse de Bouloc : l'arrestation du suspect est aussi un pari

La mise en examen et l'incarcération d'un suspect, lundi, dans la mort de Patricia Bouchon en 2011, à Bouloc en Haute-Garonne, ressemble à un pari. La suspicion, même appuyée sur des indices «graves et (ou) concordants», ne fait pas les preuves mais
Laurent Dejean dort désormais en prison. L'homme qui était soupçonné depuis plus d'un an par les enquêteurs de la gendarmerie nationale, a été mis en examen lundi pour «homicide volontaire». Il est officiellement mis en cause dans la mort de Patricia Bouchon, disparu le 14 février 2011 alors qu'elle effectuait un jogging à Bouloc, en Haute-Garonne. Son corps a été retrouvé six semaines plus tard, dissimulé sous un pont à Villematier, à 12 kilomètres du chemin de terre où cette femme avait été violemment agressée.
Ses avocats, Mes Hatoum et Darribère ont beau dénoncer un dossier «sans charge réelle», leur client dort en prison. Va-t-il le supporter, lui déjà décrit comme psychologiquement «instable» ? Cet enfermement le poussera-t-il à aller au-delà de ses déclarations déjà enregistrées dans le cadre de ses deux gardes à vue, en janvier et en juin ? Ou se renfermera-t-il à nouveau, privant les juges d'instruction, et les enquêteurs, d'un nouveau fil à exploiter ? Quand, après la diffusion du portrait-robot, le profil de Laurent Dejean s'est peu à peu imposé comme une nouvelle hypothèse sérieuse — plus de 50 ont été traitées depuis quatre ans -, les gendarmes de la section recherches de Toulouse ont redoublé vérifications, investigations, recherches après la première garde à vue, en janvier 2014. Objectif : retrouver cette fameuse Renault Clio, aperçue par un témoin la nuit de l'agression et que Laurent Dejean est soupçonné d'avoir conduite. Lui, pourtant, affirme le contraire. Il refuse obstinément tout lien avec ce véhicule même si les investigations des gendarmes ont permis de recueillir de nombreux témoignages, une vingtaine, liant ce véhicule et leur suspect.
Pendant l'été, après le deuxième passage en garde à vue début juin qui n'a pas permis de progression particulière, le Frontennais a été scruté dans tous les sens. «Nous avons sondé, survolé, inspecté lacs, rivières et retenues d'eau», résume le colonel Éric Matyn, patron de la section de recherches. Sans succès. Si elle existe vraiment — pas un gendarme de la cellule n'en doute — où se trouve cette Renault Clio ? La mise en examen du suspect, objet de multiples articles et reportages, peut-elle déclencher des souvenirs chez de nouveaux témoins ? Quatre ans après, le pari paraît ambitieux. C'est vite oublier le choc d'octobre 2013 et la publication du portrait-robot. Beaucoup de proches de l'ancien plaquiste ont soudain réalisé le lien possible entre Laurent Dejean et l'homme crayonné à partir des souvenirs d'un chauffeur-livreur. Dans cette affaire, les enquêteurs n'ont pas eu beaucoup de chance — Patricia Bouchon encore moins. Quatre ans après, le processus peut-il s'inverser ? Cela aussi motive le pari pris de concert par les gendarmes, le parquet et les juges d'instruction.

http://www.ladepeche.fr/article/2015/02/11/2047582-joggeuse-bouloc-arrestation-suspect-est-aussi-pari.html

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