Coup de torchon dans le textile
Un document intitulé « Intégration de Dim au sein de HanesBrands (HBI) » envisagerait « une nouvelle vague de licenciements » sur plusieurs sites.Crise du textile ? Le courrier évoque aussi « un contexte économique aggravé par la chute de l’euro face au dollar ».
La réalité est ailleurs. En septembre 2014, le fonds d’investissement américain Sun Capital Partners avait cédé pour 400 millions d’euros le groupe de sous-vêtements DBApparel (Dim, Playtex et Wonderbra), au groupe de textile américain HBI qui est en fait détenu par d’autres fonds de placements et de pension. Ceux-ci exigent des taux de rentabilité minimum pour reverser à leurs souscripteurs. Six mois après la vente, les syndicats et beaucoup de salariés, qui se disaient plutôt confiants, déchantent. Revoilà les terribles listes des plans sociaux.
Le scénario en cours chez Vivarte obéit au même processus. La décision de tirer le rideau de fer des magasins et de se séparer de 1 600 salariés («Ce n’est qu’une annonce, je pense que ce sera beaucoup plus massif », dit à la CFDT Jean-Louis Alfred) a été prise par un conseil d’administration composé des représentants des fonds Alcentra, Babson, GoldenTree et Oaktree. Des noms moins connus du grand public que les enseignes de Vivarte (Kookaï, André, La Halle) mais en revanche surveillés de près par les traders des places financières, les agences de notation et leurs petits ou grands porteurs.
Même à Monaco
« On va essayer de nous faire croire que c’est uniquement pour des raisons économiques alors que c’est uniquement la politique des actionnaires », explique chez FO Gérald Gautier, en faisant valoir le « plus d’un milliard d’euros d’intérêts » qui a été versé à ces fonds.Le coup de torchon ne se limite pas au textile. Chez le transporteur Mory Global (plus de 2000 emplois liquidés), ce n’est pas une logique de résultats économiques dans le transport mais une exigence de marges qui a provoqué la liquidation. Idem dans plusieurs abattoirs de l’Ouest, délaissés par les industriels et repris ou renfloués par des fonds d’investissement.
Même à Monaco, malgré l’intervention du Palais, la seule entreprise industrielle de la Principauté, Robertshaw (électroménager) a dû se séparer de 82 salariés, sous la pression de trois fonds asiatiques cette fois. « Nous sommes à la merci de fonds de pension anglo-saxons qui sont spécialisés dans la spéculation et n’ont pas l’esprit entrepreneurial du tout », conclut Jean-Louis Alfred. Il ne s’agit pas, contrairement à Peugeot, à la SNCF ou Air France, de plans sociaux liés à une adaptation à l’évolution du marché ou des technologies. Les décisions ne sont plus prises par des patrons, familiaux ou industriels, mais dans les salles de marchés loin des sites de production. Cette actualité confirme l’emprise de la finance sur l’industrie et l’emploi.
Au moment où le gouvernement prévoit de relancer les investissements, l’industrie française et aussi les services n’en ont pas terminé avec les plans sociaux. De quoi paralyser le marché de l’emploi même avec un rebond de croissance.
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2015/04/08/pourquoi-les-plans-sociaux-continuent-en-france
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