vendredi 4 septembre 2015

Une seule condamnation, six ans après la cave au crocodile de Maubeuge et «Sept à huit» sur TF1

À la barre, le prévenu ne verse pas de larmes de crocodile : il s’accroche à la même version des faits depuis maintenant six ans. Non, le caïman que la police a trouvé lors d’une perquisition en ce jour de septembre 2009, dans une cave de l’immeuble Normandie des Provinces Françaises, ne lui appartient pas. Pas plus que les quelques 314 grammes de résine de cannabis, et les nombreux objets volés, retrouvés sur les lieux. Tout juste admet-il avoir demandé à un voisin « qui s’y connaissait en lézards » de nettoyer le vivarium de la bête d’une trentaine de centimètres. « J’habite juste au-dessus. Ça puait. » Quand le président du tribunal Matthieu Duclos met en avant les témoignages de personnes lui ayant acheté de l’herbe, il nie.

Il privatise les caves de l’immeuble

Le tribunal reproche aussi au prévenu d’avoir privatisé les caves de l’immeuble pour son propre usage. « Le concierge indique que vous aviez changé les barillets des portes. » Réponse : « Oui, j’allais faire de la muscu des fois à la cave, mais c’était un squat. Tout le monde y avait accès. » Pour son avocat, Me Vincent Demory, rien ne semble relier son client à un quelconque délit. « Avons-nous seulement un point de rattachement impliquant le prévenu ? Rien n’indique qu’il se rendait dans les caves pour commettre quelque chose d’illégal. Les caves étaient fréquentées par de nombreux jeunes. » Même ligne de défense pour le croco de poche à ne surtout pas mettre dans sa poche, puisqu’il pouvait déjà blesser quelqu’un.
Amara Camara est condamné à deux mois de prison pour détention d’animal non domestique et deux mois supplémentaires pour avoir usurpé l’identité de son frère lors d’une interpellation en septembre 2010. Il est relaxé pour la détention, l’acquisition, le transport et l’usage de stupéfiants.

Un pataquès médiatique

L’histoire avait fait grand’bruit. Lors de cette descente de septembre 2009, les forces de police avaient retrouvé, dans des caves dont Partenord et ses locataires avaient perdu l’accès, non seulement un bébé caïman, de la drogue mais aussi de nombreux deux-roues volés. Des heurts et des échauffourées s’étaient produites ensuite, dans un quartier où les sapeurs-pompiers et les policiers étaient déjà de temps en temps caillassés. Néanmoins, rien ne laissait présager du reportage qui allait surgir sur TF1, un dimanche soir, deux mois plus tard, à l’occasion de l’émission d’actualités Sept à Huit. « Peur dans la cité » : les envoyés spéciaux de la société de production n’y étaient pas allés avec le dos de la cuiller, évoquant la descente, mais surtout un quartier aux abois et montrant des habitants, floutés, déballant leur rancœur sur certains de leurs voisins.

Un an après, nouvelle descente

Un collectif se mettait en place pour défendre l’image du quartier, le maire Rémi Pauvros se faisait porte-parole de l’indignation... Le Conseil supérieur de l’Audiovisuel finissait par renvoyer par courrier les auteurs du reportage devant l’absence d’équilibre de leur travail.
Six ans plus tard, tout se résume à deux prévenus appelés à l’audience dont un qui n’a pas une fois été évoqué dans ce dossier, un jeune homme qui écope de quatre mois de prison pour la possession du caïman, animal interdit à la vente et prise du nom d’un tiers. De drogue, de scooters volés, de voitures brûlées, nulle trace. On se souviendra en revanche que dans les Provinces, qui ne sont ni un enfer de violence urbaine ni un paradis sur terre, en octobre 2010, la police effectuera une nouvelle descente dans les caves de l’immeuble visé un an avant. Découvrant mobilier volé, drogue et même un salon de coiffure clandestin
http://www.lavoixdunord.fr/region/une-seule-condamnation-six-ans-apres-la-cave-au-crocodile-ia12b45169n3023226

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