lundi 5 octobre 2015

Chemises arrachées, tentatives de séquestration : des patrons d'Air France pris en chasse par les salariés

La situation était tendue lundi matin chez Air France où la direction a confirmé en comité central d'entreprise que son plan de restructuration menacerait 2900 postes, ont annoncé les syndicats selon lesquels le CCE a été interrompu par une manifestation de salariés qui ont investi le siège. La direction va porter plainte pour "violence aggravée".
Sur les images, un dirigeant a la moitié de sa chemise déchirée dans le dos, un autre est carrément torse nu. La direction d'Air France a annoncé lundi à la mi-journée "condamner fermement les violences physiques" et qu'une plainte serait déposée pour "violence aggravée" sur certains de ses membres. Le directeur des ressources humaines Xavier Broseta "a manqué de se faire lyncher" et a dû quitter la salle en "escaladant des barrières pour se sauver", a ainsi raconté un délégué CGT.
Dans la matinée, des centaines de salariés ont investi le siège de la compagnie aérienne aux cris de "De Juniac démission" et "On est chez nous", forçant des barrière (voir les images ci-dessous) et interrompant le comité central d'entreprise lors duquel la direction venait de confirmer que son plan de restructuration menacerait bien 2900 postes, principalement au sol. La mise en oeuvre de ce plan "alternatif" au projet de développement "Perform 2020", dont les négociations ont échoué avec les syndicats de navigants, concernerait 300 pilotes, 900 PNC (hôtesses et stewards) et 1700 personnels au sol, selon elles.
"Le plan D ? Démission de la direction"
Plus de 500 personnes avaient commencé à manifester à 10h devant le siège, selon une source aéroportuaire. "Gagey dégage", "le plan D ? Démission de la direction" ou "Valls arbitre vendu !" pouvait-on lire sur les pancartes tenues par des salariés vêtus de leur uniforme. "Direction irresponsable" ou encore "ras le bol d'être mis les uns contre les autres", criaient certains devant les fenêtres du siège. Trois syndicats (FO, CGT et Unsa) ont appelé les personnels à la grève et une plus large intersyndicale intercatégorielle à manifester pendant la tenue du CCE.
La direction avait chiffré à 2900 postes le sureffectif induit par ce "plan B", vendredi en conseil d'administration. Mais elle avait alors évoqué 700 postes menacés chez les PNC et 1900 au sol. Le président d'Air France Frédéric Gagey a également confirmé que 5 avions quitteraient la flotte long-courrier en 2016, puis 9 autres en 2017. La compagnie dispose actuellement de 107 avions sur ce réseau, actuellement déficitaire pour moitié. Air France procèdera à des réductions de fréquences sur 22 lignes en 2016 et à une "plus forte saisonnalité" sur 6 autres lignes, qui "n'existeront que l'été ou l'hiver par exemple", a rapporté une source syndicale. En 2017, la compagnie fermera par ailleurs 5 lignes, en Inde et en Asie du sud-est, ont indiqué plusieurs sources.
 

Aucun commentaire: